Philippe Oliveira: Mon Paris Brest Paris 2019
Philippe Oliveira, adhérent au CTM depuis 2010 a pris le temps de nous raconter son 3ème PBP. En le lisant, on se rend bien compte de la difficulté, mais on a aussi l’impression que pour lui cela s’est plutôt bien passé. Sa préparation et l’expérience acquise ont dû l’aider. Dans son récit, nous croisons aussi Gilles Deharbe qui n’en était pas non plus à son coup d’essai.
Bravo Philippe et merci pour ce texte !
Nous sommes le 17 août 2019, je me prépare pour participer à mon 3ème Paris-Brest-Paris. Nous sommes J-1 avant le départ , jour du contrôle de vélo et retrait du dossier de participant.
Depuis quelques jours, le temps est pluvieux et pas des moindres…Ce matin, des rideaux d’eau se déversent lorsque mon regard se porte à l’extérieur. Les prévisions météo semblent annoncer la fin de cet épisode pluvieux pour la mi-journée de dimanche, espérons qu’ils ne se trompent pas, on garde le moral….et l’espoir que les conditions climatiques soient pas trop mauvaises pour les prochains jours.
Je réussis à passer entre les quelques averses pour mon contrôle vélo qui est prévu à 17h15, contrairement à mes collègues qui y sont allés dans la matinée, et ont eu droit à la douche offerte. Le vélo est contrôlé et validé par les membres de l’organisation, je me dirige donc vers la Bergerie nationale pour aller retirer mon dossier d’inscription, contenant carte de route, plaques de vélos (et puce), bracelet participant, gilet jaune (offert), et le maillot que j’avais commandé.
Une fois le dossier en main, je ne traîne pas un instant et rentre à la maison pour terminer les derniers préparatifs.
Jour J, réveil matinal (7h), la nuit a été bonne, le moral est bon. En regardant par la fenêtre je revois encore ce déluge de pluie qui s’abat comme une cascade d’eau. Je vais déjeuner et préparer le vélo ainsi que le bagage de selle que j’emporte avec moi.
Fin de matinée le vélo est prêt !
Après un déjeuner copieux, je m’accorde un instant de repos. Mon départ est prévu à 19h30 (SAS P : – 90h) ; afin de limiter le stress, je me rends avec ma femme à la Bergerie pour 15h30, nous avons le temps d’apercevoir le départ de 16h15 (SAS B), voici 250 cyclistes descendant la route de la grille.
Nous nous dirigeons vers le départ ; sur l’estrade située devant la ligne, je rencontre J.P. Chardon, les salutations faites, nous discutons quelques instants. Les cyclistes du départ de 16h30 (SAS C : – 80h) sont positionnés et attendent patiemment le top départ. Je remonte doucement la longue file de cyclistes jusqu’à la rencontre de…Tic et Tac… enfin…plus précisément Philippe Mariani et Christophe Pelletier.
Ils sont dans les starting- blocs, autour d’eux quelques Cétémistes venus les encourager. Nous profitons des derniers instants pour discuter, ils semblent confiants. Il s’agit d’un baptême pour Christophe P.
Le compte à rebours a commencé, Tic et Tac prennent position sur leur machine et c’est parti pour une aventure chez les Bretons, pour quelques tours de manivelles, jouer du dérailleur…il faudra bien, avec environ 11 000 mètre de dénivelé positif !
Nous avançons vers la Bergerie et découvrons à fur et à mesure les SAS passer sous nos yeux, vélos spéciaux, vélomobiles, vélos couchés… même fatbikes (vélo tous terrains à très gros pneus) incroyable !!! Décidément il y en a qui ont vraiment décidé de se lancer des défis fous…
A l’entrée, une voiture s’arrête près de moi, ce sont mes copains du club de L’ACBE qui viennent d’arriver, salutations faites, ils partent se garer et se préparer. Nous avons prévu de prendre le départ ensemble, notre heure de départ est la même.
Le ciel est légèrement nuageux mais laisse passer des rayons de soleil qui commencent à cogner sévèrement, la chaleur humide et soudaine nous oblige à aller prendre un verre dans une brasserie près du château, le centre-ville de Rambouillet est rempli de cyclistes pour la deuxième fois de l’année, pour le départ de la dernière étape du Tour de France.
Mon heure de départ approche, je vais récupérer mon vélo dans la voiture et embrasse ma femme qui a décidé d’aller se positionner à proximité de la grille de sortie.
Je m’en vais rejoindre mes anciens collègues de l’ACBE qui finissent de se préparer, nous attendons l’ouverture du SAS P (19h30). J’aperçois Gilles Deharbe qui me rejoint, nous profitons pour discuter quelque peu avant son départ (SAS Q : 19h45).
Nous avançons vers le chapiteau de contrôle, tamponnons notre carte de route et nous dirigeons doucement vers le SAS de départ. J’en profite pour prendre une photo de notre groupe de 6.
Les consignes de sécurité sont annoncées, le moment tant attendu arrive enfin, je ressens une grande euphorie .Le départ est donné, les premiers coups de pédales sont engagés, et nous voilà dévalant la route de la grille, j’aperçois ma femme filmant avec son téléphone près de la sortie, je lui lance un doux baiser affectueux, et nous voilà sortis du domaine à allure modérée.
Voici notre groupe lancé sur la route de Saint-Léger, l’allure augmente petit à petit et beaucoup de personnes sur les bords de la route pour encourager les cyclistes. Je croise DJ Bruno (VCMB), nous échangeons quelques mots, mais l’allure est trop rapide pour lui et il ne souhaite pas prendre cette locomotive.
Nous traversons Saint- Léger-en-Yvelines, j’aperçois tardivement notre président Jacques Lay accompagné de membres du CTM, nous encourageant avec une grosse clarine de vache et son tintement si distinctif… surprenant mais… il n’est pas Basque pour rien !!! J Je réponds par un coucou de la main, cela fait grand bien de recevoir des encouragements.
Le paysage défile, beaucoup de monde sur le bord des routes, cela fait déjà une heure que l’on roule et je regarde le compteur…. La moyenne affiche 31 km/h….. FIOUUU , je ne m’attendais pas à un départ aussi rapide, mais je m’accroche pour rester dans le groupe avant la tombée de la nuit.
Le rythme ralentit un peu, le groupe est moins nombreux, mais homogène dans l’allure.
Le jour laisse place petit à petit à l’obscurité accompagnée de cette belle lune au-dessus de nos têtes qui tamise la nuit ; une guirlande rouge se dessine devant nous et trace la route. Le roulage de nuit débute, des groupes se forment, nous nous préparons à passer la première nuit à pédaler sans pause sommeil prévue.
Premier contrôle ; Villaines-la-Juhel (4h50) : tout va bien, le roulage de nuit s’est bien passé, avec un arrêt à Mortagne-au-Perche. J’attends le lever du soleil avec impatience, cette première nuit est fraîche, mais supportable. Un des copains du groupe a pris un peu de retard et n’a pas réussi à nous suivre, il arrivera quelques minutes plus tard, se plaignant de douleur au genou.
Nous progressons jusqu’à Tinténiac (11h15), à l’entrée du contrôle, j’entends un frottement étrange … FFFFFFFFFFFFFF…. Je m’arrête et je constate que mon bagage frotte sur ma roue arrière…. Zuuut…il semble que mon support de bagage a cédé lors du passage du portail d’entrée. Rien de grave c’est juste le support qui s’est affaissé, cela semble réparable.
Par chance, un vélociste est présent dans le lieu de contrôle, j’arrive à me faire dépanner d’une vis et d’une rondelle, je dis à mes copains de l’ACBE de poursuivre leur route afin de prendre le temps de réparation. Celle-ci terminée, j’aperçois Gilles Deharbe qui était parti 15 minutes après moi, nous en profitons pour nous restaurer et reprenons la route ensemble.
Un vent léger et régulier viendra souffler une bonne partie de l’après-midi, venant ainsi nous mettre en difficulté et user un peu les organismes.
Arrivés à Loudéac (16h30), nous pointons nos cartes et retrouvons la femme de Gilles qui assurait son assistance (et involontairement la mienne aussi…). Nous mangeons et décidons d’aller dormir un peu dans le véhicule…. Ce qui ne fut pas possible avec tout le vacarme autour ; notre repos fut de courte durée.
Nous voilà repartis plus loin, à la recherche d’un coin plus calme pour essayer de dormir un peu. Le lieu est trouvé, deux heures de sommeil nous suffiront, les esprits semblent plus calmes et les corps reposés, ce qui nous permet de reprendre la route avec sérénité.
Nous avons beaucoup d’encouragements sur le bord des routes, des habitants participent à cette grande fête qu’est Paris-Brest-Paris Randonneur, en dépliant des tables devant leur maison, proposant de l’eau, du café, des gâteaux, fruits secs… même la nuit à des heures tardives… parfois il y a même des pancartes « Servez-vous » et des bouteilles d’eau remplies, du sucre, et bien d’autres choses que je ne peux vous écrire… il faut le vivre pour le croire !
Nous voilà arrivés à Carhaix (1h30) ; qu’elle n’est pas notre surprise d’être interpelés sur le bord de la route par deux vagabonds dans la nuit… Mais non….il s’agit de Bernard W. et Thierry G, qui assurent l’assistance de Gilles Dusson. Nous échangeons quelques mots puis allons au contrôle. La route est exigeante par les nombreuses bosses, mais le moral est bon. Le ballet incessant des lumières rouges et blanches, le visage de certains cyclistes est marqué par la fatigue, bon nombre sont couchés au sol, non loin du point de restauration, en quête de repos.
Nous nous frayons un chemin sur ce terrain miné de randonneurs épuisés. Nous prenons une collation chaude pour poursuivre la nuit qui nous amènera jusqu’à Brest.
Nous voilà repartis sur la route à la conquête de l’Ouest, le passage des monts d’Arrée se fera dans la pénombre, à la lueur de la lune, nous croisons les éclairages blancs des randonneurs repartant en direction Paris.
Nous apercevons beaucoup de cyclistes dormant sur le bord des routes, dans des champs, certains sous des abris bus, avec des couvertures de survie, et leurs éclairages afin qu’ils soient visibles.
Dans notre ascension, un cycliste nous dépasse en douceur, il s’agit de Gilles Dusson qui monte gentiment ; une petite discussion s’engage et il me fait part de sa fatigue et du froid, lui qui est parti à 5h00 le lundi matin (SAS X : -84h).
Je le laisse repartir dans son ascension et je réduis l’allure afin d’attendre Gilles Deharbe qui se trouve non loin derrière moi.
Après ces longues montées, nous voilà en train d’entamer la descente dans la nuit, la route est belle, le froid est bien présent, tellement que mes doigts s’en souviennent encore…normal… j’avais encore mes gants d’été. Une fois la descente terminée, je n’ai pas perdu de temps et ai enfilé mes gants longs…. Il n’est jamais trop tard pour bien faire.
Par chance, un stand, tenu par une charmante jeune fille devant chez elle, nous a permis de nous réchauffer avec un café et des sucreries. Cette pause fut fort appréciée après cette longue descente glaciale.
Nous poursuivons notre route en direction de Brest, les routes sont calmes, nous distinguons assez mal les fléchages au loin dans la nuit, car seul le bout de la flèche est réfléchissant. Heureusement que le GPS aide à l’orientation.
Nous voilà traversant le pont A. Louppe, les lumières de Brest sont face à nous. Une ascension vers le centre-ville reste encore à réaliser.
Arrivée à Brest (6h26), direction le chapiteau extérieur où nous tamponnons notre carte de route et allons ensuite nous restaurer, puis direction les sanitaires pour faire un brin de toilette, débarbouillage des moustaches, changement de cuissard, chaussettes, maillot, et application de la crème de bronzage…. Mais non je plaisante !!!! Crème pour préserver la peau de mon fessier…. J !
Nous voilà repartis, maintenant direction la capitale, avec la satisfaction d’avoir accompli la première partie du contrat sans trop de mal.
Les flèches ont changé de couleur, je vous assure que c’est vrai… ce n’est pas la fatigue !!
Le jour commence à se lever. Nous suivons maintenant les fléchages direction Paris. Maintenant il faut remonter tout ce que l’on a descendu. Les ascensions reprennent de plus belle, je grimpe ces bosses avec aisance… trop même, sans me soucier d’y laisser quelques efforts supplémentaires qui pourraient m’être utiles pour le final… le maillot à pois était sur mes épaules sans nul doute !!!
Je m’arrête en haut de la bosse, près d’un carrefour, afin de remplacer mes verres jaunes par mes verres solaires, des bénévoles assurent la sécurité entre le flux de randonneurs allant à Brest et ceux allant vers Paris. J’aperçois Gilles qui passe, et poursuis l’ascension.
Un stand est installé non loin de ce carrefour, proposant des crêpes, la tentation me guette, l’espace d’un instant, mais je resterai finalement raisonnable et continuerai ma route.
Je retrouve mon compagnon de route arrêté un peu plus loin, au stand de la jeune demoiselle où nous nous étions ravitaillés et réchauffés à l’aller. Deux personnes étaient présentes, afin d’interviewer les randonneurs, Gilles se prête au jeu et accepte de répondre aux questions (il aime cela on le sait tous).
La pause terminée nous reprenons notre route et nous arrêtons près d’une antenne à Roc‘h Trédudon, le ciel est légèrement voilé mais le point de vue est admirable, nous en profitons pour savourer le paysage et prendre quelques clichés.
Quelques kilomètres plus loin, nous voilà sur la D764 direction Carhaix, portion dangereuse, car très fréquentée par des véhicules qui passent très vite ; nous restons concentrés afin d’éviter les écarts.
Arrivés à Carhaix (12h25), nous ne perdons pas de temps, une fois les cartes de route tamponnées, nous reprenons aussitôt la route direction Loudéac, le moral est bon, les jambes aussi.
Encore des bosses et mes jambes me propulsent sans qu’aucune douleur n’apparaisse, en danseuse et en rythme. Je prends beaucoup de plaisir avec ces petites grimpettes, pourvu que cela dure.
Arrivée à Loudéac (17h22), nous tamponnons nos cartes et allons retrouver notre assistance qui se trouve plus loin dans une ruelle calme. Un plat de raviolis chauds viendra remplir nos estomacs, nous savourons ce repas divin qui change des barres de céréales sucrées qui finissent par nous écœurer.
Nous continuons notre route, une nouvelle nuit se profile et nous décidons de rouler jusqu’à Saint -Méen le Grand, afin de faire une pause dodo. Un parking au calme, déniché par notre superbe assistance, à proximité d’un WC public, tout le nécessaire pour se rafraîchir et dormir 3 heures bien au chaud dans les duvets.
Après ce sommeil bien mérité et réparateur, nous reprenons la route dans l’obscurité et la fraîcheur du petit matin. Les premiers tours de jambes sont quelque peu saccadés, le temps que les muscles s’échauffent et reprennent leur rythme.
Nous arrivons à Tinténiac (7h15), tamponnons notre carte et allons prendre une boisson chaude. La fraîcheur matinale saisit nos corps, les visages de certains cyclos sont marqués par la fatigue.
Non loin de nous, une randonneuse étrangère est assise sur un banc, de chaudes larmes coulent sur son visage, cela semble difficile pour elle, mais les pleurs la quittent au fil de la conversation, elle semble avoir trouvé réconfort et confiance.
Nos boissons terminées, gourdes remplies, nous repartons et je vois cette fameuse dame qui repart en même temps que nous ; en passant près d’elle, je lui donne un petit geste d’encouragement dans le dos et lui lance un « Allez courage !!! », elle ne semble pas indifférente à ce geste, cela se lit sur son visage, je distingue un léger sourire. C’est aussi ça Paris-Brest-Paris, s’encourager pendant les moments difficiles dans cette épreuve qui est un long défi.
Durant ce trajet, nous avons côtoyé le monde entier, discuté avec des Brésiliens, Italiens, Anglais, Japonais, de belles rencontres autour d’une même passion (ou folie… !)
Notre aventure se poursuit jusqu’à Fougères, où je prends le temps de m’arrêter devant son beau château afin de lui tirer le portrait, la ville est charmante et accueillante, une ville qui retiendra mon attention pour une probable future escapade en famille.
Arrivés au point de contrôle (10h25), nos cartes tamponnées, après une courte pause casse-croûte, nous somme abordés par 2 personnes qui viennent nous poser des questions diverses sur l’épreuve, les machines, etc…Nous échangeons quelques mots et reprenons notre route direction Villaines-la-Juhel.
Sur le trajet, j’ai fait la rencontre d’un cycliste du club d’Ablis, collègue d’un cycliste handicapé dont j’avais fait la connaissance lors d’un BRM600 de Montigny, et dont nous avons gardé de très bons contacts. Mon ami Gérard !
Quelle ne fut pas notre surprise en arrivant à Villaines-la-Juhel (15h43) ! La foule était positionnée aux abords du point de contrôle, comme pour l’arrivée d’une étape du Tour de France ! Que de monde et d’applaudissements, d’encouragements… de quoi recharger les accus de la motivation au max.
Nous avons bien entendu les supporters du cyclo club d’Averton qui encouragent leurs cyclos.
Nous avons pris le temps de déjeuner d’un plat chaud ; à côté de nous se trouvait un cycliste japonais, qui semblait fatigué, il regardait son plat de pâtes d’une façon étrange… Gilles s’inquiète et lui demande si tout va bien ? Le Japonais lui répond en mettant la main devant sa bouche, il s’avère que ce jeune homme a semble-t-il goûté une boisson française alcoolisée qui s’appelle du vin… et je pense que les effets sont immédiats….
Quand on me disait que les étrangers viennent aussi pour goûter la France… je comprends mieux maintenant !!!
Après cette pause bien méritée, nous reprenons la route, quelques kilomètres plus loin, une pause technique s’impose dans un petit chemin au bord de la route. Mon regard se porte sur de belles mûres qui étaient non loin, dans une zone ombragée à hauteur de mes yeux (meilleur goût que celle d’en bas… J !) et dont ce fut ma pitance pour la gourmandise…. Mmm quel régal… je ne cessais de voir des mûres le long des routes, depuis un petit moment (et ce n’était pas des hallucinations !!), me rappelant des souvenirs d’enfance.
Nous traversons les villages les uns après les autres, et toujours beaucoup de gens à nous applaudir, nous encourager, dans les rues, à leurs fenêtres, en petit ou grand comité, avec leurs banderoles, c’est la fête !!!
Gilles, mon compagnon de route est victime de douleurs dans le bas du dos qui l’empêchent d’appuyer correctement sur les pédales, ce qui rend ses ascensions longues et difficiles à gravir, il profitera de la rencontre d’un cycliste allongé sur le bord de la route pour l’aider à se relever, celui-ci lui donnera un comprimé qui soulagera la douleur pendant un certain temps (heureusement qu’il n’y a pas de contrôle anti-dopage !!J)
Une nouvelle nuit commence, nous sommes proches de Mortagne-au-Perche, un vélo pignon fixe nous dépasse, il grimpe les côtes en zigzaguant, une guirlande rouge se dessine devant nous, un petit groupe se forme devant la côte placée juste avant le contrôle, on se prend au jeu sous les encouragements du public et on grimpe comme si le maillot à pois était la récompense du meilleur grimpeur…
Arrivés au contrôle de Mortagne-au-Perche (21h24), carte tamponnée, nous allons retrouver notre assistance afin de dîner et dormir la dernière nuit.
Il est un peu plus de 5h, nous reprenons la route après une nuit reposante ; devant nous un groupe de Japonais, certains cyclistes suivant la ligne discontinue au milieu de la chaussée, leur tronche défaite, d’autres zigzaguant devant nous….AU SECOURS LES ZOMBIES SONT DE SORTIE !!!!!!
Je m’échappe vite de ce groupe et vais attendre mon compagnon de route plus loin sous un réverbère afin qu’il puisse me voir.
Nous progressons petit à petit, l’allure s’accélère légèrement, le froid et l’humidité pénètrent dans nos vêtements. Plus loin, nous nous arrêtons à un ravitaillement tenu par les adhérents du club de Senonches, qui nous proposent une soupe chaude. Cela nous fait grand bien par ce froid matinal. Devant nous, je remarque un cycliste qui ne possède pas de gants, les mains bleuies par le froid.
Les derniers kilomètres avant Dreux semblent interminables dans la nuit froide, aussi par notre allure modérée et les longues routes sinueuses d’Eure et Loire.
Nous voilà enfin arrivés à Dreux (5h15) ; nous approchons à grand pas du but final, plus que 40 kilomètres pour enfin terminer cette belle aventure.
J’en profite pour aller me rafraîchir par une petite toilette matinale, débarbouillage des moustaches, du visage quelque peu fatigué. Gilles me dit avoir rencontré DJ nono du VCMB, se plaignant de douleur à son bras.
En repartant nous aurons droit à un joli lever de soleil, voilé par un brouillard matinal, un beau spectacle que l’on contemple paisiblement.
DJ nono nous rejoint peu de temps après, il roule quelques minutes avec nous et repart, il semble pressé d’en finir.
Nous apercevons la pancarte « Les Pinthières », nous voilà en terrain connu, les routes de nos sorties club. Je suis Gilles qui lance une accélération et roule à une allure élevée sur le plateau jusqu’à Bechereau.
La température dans la forêt de Rambouillet est très froide, mon visage et mes doigts sont glacés (et j’ai mes gants longs !!!)
Nous tournons à droite direction Rambouillet, Ohhhhhh ….une manifestation de gilets jaune se trouve devant nous…… ah non…. ce sont les nombreux cyclistes qui participent à cette randonnée Paris-Brest-Paris.
J’aperçois le panneau de la ville de Rambouillet, nous repassons devant la grille que nous avions passée lors de notre départ. Nous entrons enfin dans le domaine de la Bergerie, slalomons entre les voitures et les piétons, nous ne sommes plus qu’à un kilomètre de l’arrivée … Gilles est à mes côtés, plus que quelques mètres, nous entendons les applaudissements du public, accompagnés de bruit de crécelles, un moment d’émotion me saisit, car heureux de boucler cette belle aventure pour la deuxième fois.
Je saisis la main de Gilles et nous levons les bras au ciel au passage de la banderole d’arrivée (8h14), un soulagement d’avoir terminé cette belle aventure ensemble, malgré les moments difficiles. Mission accomplie en 84h43.
Il ne reste plus qu’à faire le tour de la cour de la Bergerie avec son revêtement pavé quelque peu accidenté sans risquer de percer, je retrouve ma femme qui nous félicite puis m’embrasse…ça change du goût des barres de céréales sucrées …. C’est bien meilleur J !
Nous nous dirigeons maintenant vers le parking vélos et allons déposer nos cartes de route, retirer nos belles médailles, qui pèsent bien leur poids. (1 200 km ça pèse un peu quand même !)
Je reconnais la personne qui a contrôlé mon vélo et qui m’avait conseillé d’avoir un deuxième éclairage arrière lors du contrôle vélo, je lui confirme avoir bien tenu compte de son brave conseil.
Nous allons maintenant nous restaurer sous le chapiteau et savourer ces derniers instants ensemble.
Nos visages sont marqués par le manque de sommeil, je me sens bien malgré tout, pas de douleurs musculaires, quelques doigts de la main droite un peu endoloris, une légère fatigue et quelques courbatures sur le haut du dos, mon postérieur est un peu douloureux mais ma démarche est fluide, pas encore prêt pour la danse des canards !!!
Notre repas terminé, nous nous dirigeons vers la banderole d’arrivée pour les derniers clichés.
Les vélos sont chargés dans le véhicule et nous voilà partis, je dépose Gilles chez lui et sa femme nous accueille, le temps de discuter et nous voilà repartis chez nous….
Pour résumer, Paris-Brest-Paris Randonneur est loin d’être une épreuve facile, mais avec une bonne préparation, c’est une aventure à vivre au moins une fois dans sa vie (avec ou sans assistance), cette épreuve sportive, qui attire tous ces étrangers venus des 4 coins de la planète.
Merci à tous, à Catherine notre assistance, aux bénévoles qui ont donné de leur temps pour que cette manifestation puisse avoir lieu, aux villes d’accueil, à l’organisation, ainsi qu’à nos anges de la route ANEC.
A bientôt…. 2023 arrive bien vite !
texte de Philippe OLIVEIRA
Photos de Philippe et divers CTM.