Voilà plusieurs jours que les étapes du Tour de France se déroulent dans les Pyrénées. On se régale certes, mais tout cela est très masculin. On se demande où sont les filles sur la planète vélo ! Mais moi je sais où elles sont, tout au moins deux d’entre elles. En effet, deux copines du club, Nicole et Dominique, cyclotes sportives confirmées, sont allées rouler dans les Alpes avec leurs conjoint et amis, où elles ont savouré les cols, les lacs, et j’espère quelques spécialités culinaires.
Vous verrez, en lisant ce récit de Nicole, que la chaleur et l’altitude les ont quelque peu maltraitées, mais elles ont su gérer avec brio. Bravo les filles !

Nous sommes huit partants pour ce périple : Serge Fougeray, Dominique Grégoire, Bernard et moi-même ainsi que trois ex-Cétémistes, André, Patrick, Jean-Pierre, accompagnés par notre ami Francis Ousselin. Un programme peaufiné et très bien préparé par Patrick, notre coach ! Cette boucle nous emmène vers l’Italie puis la Suisse et retour à Albertville. Elle consiste à franchir la chaîne des Alpes, donc des cols, et randonner autour de trois superbes lacs italiens.
A la lecture des documents je sais que ce ne sera pas facile d’enchaîner ces six jours, mais nous nous sommes préparés. Au total, 785 km et 10 000m de dénivelé. Hélas, la canicule qui règne en France ne s’arrête pas aux frontières ! C’est avec elle qu’il va falloir composer.
Le mercredi 26 juin, Albertville-La Rosière, par Beaufort, le col du Cormet de Roselend et le col du Petit-Saint-Bernard, en partie puisque notre hôtel est à La Rosière, kilomètre 81, 2 700 m de dénivelé pour ce premier jour.
La chaleur s’abat sur nous comme une chape de plomb. Les arrêts sont fréquents pour nous hydrater, intérieur et extérieur. Notre précieux Francis est aux petits soins, toujours présent. A 8 km de l’arrivée, j’ai une défaillance, suite à coup de chaud, je préfère ne pas insister pour repartir en forme demain. Dans cette station de ski franco-italienne, à 1850 m d’altitude, c’est un magnifique paysage sur la vallée, surplombé par le Mont Pourri (3779 m). La soirée est propice à la récupération, bonne table, ascenseur et clim dans les chambres.
Le lendemain destination Ivréa. Nous terminons, à la fraîche, les 8 kilomètres qui nous séparent du col du Petit Saint-Bernard (2188m) par une pente régulière. Les jambes vont bien pour tout le monde. Dominique qui a résisté hier à la chaleur, ne cesse de m’étonner. Longue pause en haut du col.
Passage en Italie à Pré-Saint-Didier, direction la vallée d’Aoste. La chaleur est étouffante, de très beaux châteaux jalonnent le parcours, les bosses aussi ! Le ravito du midi est très apprécié. Toujours du frais, des salades variées, tout ce qu’un cyclo souhaite pour l’aider à gérer ses efforts. Ce jour est une étape de « récupération » 138 km et seulement 1 100m de dénivelé ! A Ivréa, notre hôtel est à 2,5 km du centre. Une visite de la ville est prévue d’autant que nous arrivons de bonne heure. Toutes les rues de la ville sont pavées, prudemment, nous traversons un pont. Sur le trottoir d’en face un piéton nous demande si nous avons besoin de renseignements.
Puis il se présente, dans un français avec un léger accent : « je suis le maire d’Ivréa, si vous voulez, attendez-moi à la terrasse du café un peu plus loin sur la gauche ». On ne se fait pas prier, d’autant qu’on a très soif ! Ce charmant homme nous rejoint et passe une bonne demi-heure en notre compagnie ; il tient à nous offrir les consommations. Merci M. le Maire ! Quel accueil dans cette ville où se situent les usines Olivetti.
Le troisième jour destination Côme, 156 km et 1 100m de dénivelé. La circulation est abondante et la navigation pas très facile. Francis perd notre trace car nous avons modifié notre itinéraire en supprimant les 15 km de l’aller-retour au lac d’Orta. C’est la raison qui l’emporte, ça chauffe vraiment ! Sur cet axe très chargé nous trouvons un peu d’ombre pour la pause de midi. C’est difficile pour nous, mais Francis n’est pas à la noce ; il subit les bouchons !
A 20 km de Côme il nous rejoindra et je finirai l’étape dans le camion car pour la deuxième fois, la chaleur a eu raison de mes forces. Le reste du groupe gère, et ils arrivent peu de temps après nous. Très bon accueil dans cet hôtel dans le centre-ville. La promenade au bord du lac et dans le quartier historique sera suivie d’un resto et d’une visite chez le glacier ; mon estomac refusera cette gourmandise. Je gamberge déjà pour demain, le road-book annonce des pourcentages ardus en bordure du premier lac.
Samedi 29 juin, les lacs. Après cette nuit réparatrice, nous prenons la direction de Bellagio par la route très escarpée surplombant le lac de Côme, la vue est magnifique, les propriétés qui le borde aussi. Une crevaison à la sortie d’un tunnel est propice aux photos. Un gros peloton d’Italiens nous double ; ils font aussi du tourisme ; leur voiture suiveuse n’hésitant pas à s’arrêter au milieu de la route ! On absorbe bien le relief assez relevé, mais pas autant que je le craignais. Nous arrivons pile pour le ferry. C’est la découverte de la vaste étendue du lac de Côme en forme de Y. Nous débarquons à Menaggio. Photos au bord du lac de Lugano, puis premier passage en Suisse que nous quittons quelques kilomètres plus loin. La route côtière nous mène jusqu’à Laveno. De nouveau le ferry pour une vingtaine de minutes de traversée du lac Majeur puis Verbiana. Etape très touristique. Avec les intermèdes ferry on récupère et admirons les superbes paysages avec vue à 360° ! Sublime, d’autant que l’horizon est très dégagé par rapport à ce matin avec la brume sur le lac de Côme. A Domodossola, notre hôtel est juste à l’entrée de la ville. Le dénivelé de cette journée est de 1 900 m pour 146 km.
Ce quatrième jour, direction Martigny – 147 km et 1 800m de dénivelé. Cela me rappelle Thonon-Trieste réalisé par dix Cétémistes en 2010. Nous sommes aujourd’hui quatre à avoir escaladé le col du Simplon en sens inverse. Nous immortalisons ce moment en ayant une très forte pensée pour toi, Jean-Yves (Pervis) qui était au mieux de ta forme à l’époque. J’ai fait la montée des 40 km avec Dominique, nous avons pris notre temps, il le fallait, mon esprit était occupé, non pas par la performance, mais par les souvenirs. Souvenir des tunnels très nombreux, heureusement semi-ouverts pour la plupart ; mon angoisse, ne voulant pas lâcher la roue de Jimmy qui bénéficiait d’un éclairage « roll-off ». Aujourd’hui c’est le bruit des voitures et motos qui nous font serrer les fesses. On se retrouve au sommet pour immortaliser ce moment. Au début de la descente, attention à ne pas rater notre « assistaneur » qui a dressé la table sur la droite. C’est dimanche, le poulet rôti est très apprécié ! Superbe et rapide descente vers Brig (Briga en italien) Les feux de travaux nous ont bloqués plus de 10 mn. En bas, il faut faire attention à ne pas prendre les directions inscrites sur panneau vert, tandis que ceux de notre RN9 sont en bleu (contraire d’en France). Bernard craignant l’erreur nous y attend depuis un quart d’heure en plein soleil. On retrouve l’autre partie du groupe un peu plus loin. La vallée du Rhône vers Martigny est très, très, difficile, toujours avec cette canicule, pas un arbre, on roule sur un cordon d’asphalte brûlant avec un fort vent de face qui ne faiblit pas, nous si ! Toujours notre Saint-Bernard à la rescousse avec ses boissons fraîches et en-cas. Pour en revenir à 2010, dans l’autre sens, nous n’avions pas eu cette impression ; il n’y avait pas la canicule, la matinée sous un déluge nous avait frigorifiés, et aux dires de Bernard, nous avions avalé ces lignes droites à une folle allure pour nous réchauffer. Je ne me souvenais pas de l’allure, seulement de mes mains gelées. Serge s’en souvient lui aussi !
A Martigny, l’orage éclate au retour du restaurant alors que nous avons regagné nos chambres. Puisse-t-il rafraîchir l’atmosphère pour notre dernier jour.
Un beau programme pour ce dernier jour : Martigny-Albertville par le col de la Forclaz. C’est une agréable montée régulière ; la chaleur est encore supportable. Nous disons au revoir à la Suisse au Chatelard. Suivra le col des Montets. Ensuite tour en ville à Chamonix par les rues piétonnes. On continue sur une petite route menant aux Houches. C’est le lieu de villégiature de Serge lorsqu’il vient chez son beau-frère. C’est à la sortie que Francis a trouvé l’endroit idéal pour notre pique-nique. La digestion se fait en côte. On se dirige ensuite vers Saint-Gervais. Se dressent devant nous le Mont-Blanc et l’Aiguille du Midi. Superbe paysage. Puis Megève où nous sommes étonnés de voir si peu de touristes. Nous ne devons pas nous attarder parce que la suite sera moins facile. En raison d’éboulements sur la route directe qui nous faisait passer par Flumet, une déviation a été mise en place pour rejoindre Ugine. Deux autres solutions, mais avec plus de dénivelé, étaient possibles : par le col des Saisies ou par Crest-Volant. Le groupe a opté pour l’itinéraire conseillé. Nous avons eu des pentes à deux chevrons, suivies de montagnes russes. Chacun monte avec ses moyens, nous retrouvons la direction d’Albertville et, enfin, une descente. Avec ce détour nous totalisons 128 km et 2 260 m de dénivelé. L’air est toujours aussi chaud en ville. Nous avisons une terrasse à l’ombre et savourons une bière bien fraîche pour arroser la fin de notre périple.
Si j’ai pu accomplir ce parcours dans ces conditions difficiles, c’est en grande partie grâce à notre accompagnateur qui a su se poster aux endroits stratégiques, dès que nous avions besoin. Mes deux coups de chaud n’ont pas eu de conséquences sur ma forme du lendemain ; je suis consciente que j’ai pris neuf ans depuis Thonon-Trieste et qu’il va falloir revoir un peu mes ambitions. Le reste de la troupe a bien géré la canicule, avec forcément des hauts et des bas. Je garde un excellent souvenir de ce périple pour la bonne ambiance, les paysages et les accueils dans les hôtels. Un grand merci à Patrick pour son travail en amont, à Francis, un « pro » de l’assistance.
Texte et Photos de Nicole ENDRES