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14 septembre 2018

Commémoration des courses de mai 1868 au Pré Catelan et à Saint-Cloud

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Bruno Guasconi a participé au 150e anniversaire DES PREMIÈRES COURSES DE VÉLOCIPÈDES 1868 – 2018.Rien d’étonnant quand on sait la passion qu’il voue à ses anciennes machines et qu’il partage avec nous très régulièrement et très fréquemment dans Les Carnets de route.
Cette fois, il a rejoint le groupe constitué d’une douzaine de passionnés le samedi 26 mai 2018 et….Le vélocipède à pédales, dit Vélo Michaux, est apparu au début des années 1860 et a vraiment commencé à être connu à partir de 1867. Après la première course de vitesse organisée sur route, connue aujourd’hui : Paris-Versailles, le 8 décembre 1867, d’autres manifestations furent organisées dont un projet de course dans le jardin du Pré Catelan, le dimanche 24 mai 1868 et les premières courses de vitesse officielles sur piste au Parc de Saint-Cloud, le dimanche 31 mai 1868. A noter que les derniers documents trouvés semblent montrer que la course du Pré Catelan du 24 mai 1868 a probablement été annulée et n’aurait finalement pas été courue.En commémoration du 150e anniversaire de ces événements, une douzaine de vélocipédistes, en costume d’époque, se sont retrouvés le samedi 26 mai 2018. Il y avait quatre nations représentées : France, Angleterre, Allemagne et Japon. Nous avons roulé sur d’authentiques vélocipèdes datant de la fin des années 1860 et issus de nos collections personnelles.

Des personnalités nous ont fait l’honneur de leur présence :
– Keizo Kobayashi, éminent historien, spécialiste des origines du cycle,
– John Moore, petit-fils de James Moore, vainqueur d’une des courses de Saint-Cloud en 1868,
– La famille Olivier, descendante des pionniers de l’industrie du cycle en France.
– Les familles de La Bouglise et Armengaud, descendants des organisateurs des courses du Parc de Saint-Cloud.

La manifestation était organisée par l’association ParisVelocipedia : https://parisvelocipedia.fr/. C’est un lien à suivre si vous souhaitez en savoir plus sur l’histoire de ces courses.

Le rendez-vous était le samedi 26 mai à 8h45 au jardin du Pré Catelan. En entrant sur le parking, la bonne ambiance était déjà là avec les autres participants sortant leur vélocipède de la voiture ou camionnette, remontant, serrant les boulons, graissant les axes, … Aussitôt garé je me suis mêlé à toute cette activité, devant également vérifier mon costume et mon vélocipède. Eh oui, avec ce genre de machine il vaut mieux graisser à chaque sortie.

Au point de rassemblement, j’ai eu la joie de retrouver Monique et Michel Dautresme qui participaient de leur côté à une randonnée de cyclotouristes, encadrée par l’association Paris Rando Vélo, et dont le point de départ était le même que le nôtre. Les deux groupes de cyclistes ont joyeusement échangé et nous avons fait essayer nos antiques machines à ceux qui le souhaitaient. Après cela les deux groupes ont dû se séparer et nous avons rejoint le pavillon dit Le Petit Buffet qui est à l’intérieur du jardin. Ce bâtiment figure sur une illustration de l’époque et est resté tel qu’il était en 1868.

Un petit-déjeuner était préparé pour nous à l’intérieur. C’était émouvant de se retrouver dans le même pavillon que celui que fréquentaient les vélocipédistes de 1868. Après ce moment convivial et pris des forces, nous nous sommes élancés en groupe sur l’anneau du jardin comme nos ancêtres cyclistes.

En fin de matinée nous avons quitté le Pré Catelan, randonné un peu dans le bois de Boulogne, traversé Boulogne-Billancourt et le pont de Saint-Cloud pour rejoindre l’entrée du parc de Saint-Cloud par la grille d’honneur. La montée du pont de Saint-Cloud jusqu’à la grille d’honneur du parc a été rude. La pente est forte et c’était d’autant plus dur que nos vélocipèdes pèsent en moyenne une trentaine de kg et n’ont pas de roulements à billes.

Après cela, nous avons été jusqu’au restaurant Brumaire, situé dans le parc, pour une pause déjeuner bien nécessaire, avant de débuter le programme de l’après-midi.

Ce programme débutait par une promenade dans le parc avec un arrêt au rond-point de la Balustrade pour profiter du superbe point de vue sur Paris. A quoi ressemblait le Paris de 1868 que les premiers vélocipédistes contemplaient du même endroit ? Il faut déjà retirer la Tour Eiffel, la Tour Montparnasse et les autres immeubles modernes, puis également se l’imaginer avec une moindre densité de bâtiments sur la périphérie. En arrivant au bas du parc, nous sommes passés devant la plaque commémorative de ces courses du 31 mai 1868, apposée lors d’une cérémonie organisée par le Touring Club de France en 1938.

Comme en 1868, les courses ont eu lieu dans le bas du parc de Saint-Cloud, face au bassin inférieur de La Grande Cascade. Nous étions nombreux, pour les courses de vitesse comme pour les courses de lenteur, alors il a fallu faire deux manches éliminatoires et une finale. Nous avons également entremêlé les manches de vitesse et de lenteur pour pouvoir reprendre du souffle après une manche de vitesse.

Pour ces courses de vitesse nous avons utilisé la grande allée sur environ 350 m, tourné autour d’un plot placé là pour l’occasion et refait le chemin en sens inverse jusqu’à la ligne d’arrivée, soit à peu près 700 m à parcourir. C’était donc vraiment un sprint avec la difficulté de démarrer aussi vite que possible une machine de 30 kg et conserver ensuite une vitesse de pédalage maximum jusqu’au plot. Là il fallait ralentir pour passer le virage à 180° en tenant compte du manque d’adhérence du vélocipède qui vire sur les angles d’acier des bandages métalliques de ses roues. Puis relancer la machine et refaire le chemin en sens inverse jusqu’à l’arrivée … tout en essayant de garder en tête de ne rien casser. Ni la machine, ni le cycliste.

Mais le plaisir de faire la course avec les copains l’emporte sur tout le reste lorsque le drapeau du départ s’abaisse devant les six coureurs de la première manche de qualification, dont je fais partie. Je crois bien qu’à ce moment-là je n’ai plus pensé à rien d’autre qu’au plot au bout du chemin. Lancé à mon maximum de vitesse de pédalage, je n’ai presque plus d’adhérence sur cette allée de terre sèche et poussiéreuse. L’arrière de la machine suit comme il peut. C’est vrai qu’il est rattaché à l’avant par une bonne section de métal, mais ce corps de métal épais n’a pas la rigidité de nos cadres modernes. Le bois des roues gémit un peu. J’espère avoir mis assez de graisse sur les axes pour éviter qu’ils ne chauffent, ce qui pourrait entraîner un risque de grippage et de blocage soudain (ça pourrait me faire passer de l’état de cycliste roulant à l’état de cycliste volant … mais vraiment très brièvement). Finalement, je ne suis sûr que d’une chose : les soudures refaites par Jean-Yves Pervis tiendront. Merci Jean-Yves. Mais j’approche du plot alors il faut garder l’équilibre et continuer. Chose incroyable, je passe sans problème le virage en tête !Je reprends de la vitesse pour refaire le chemin en sens inverse et passer l’arrivée toujours en tête. Je suis alors qualifié pour la finale.

Les courses de lenteur ont été beaucoup moins fatigantes mais tout aussi difficiles, la difficulté étant ici de conserver l’équilibre en roulant le plus lentement possible. La règle est simple : c’est le dernier arrivé au bout des 100 m du parcours qui a gagné. Et il est interdit de faire du sur-place, de trop zigzaguer et bien sûr il est interdit de poser le pied au sol, ces trois points étant éliminatoires. Autant on perd la notion de temps dans la course de vitesse, autant le temps semble s’écouler au ralenti dans la course de lenteur.

Cocorico pour les résultats de ces courses ! Les concurrents français se sont globalement distingués en remportant les finales de vitesse et de lenteur et reprenant ainsi la coupe à l’anglais James Moore, vainqueur en 1868. Mais, pas trop de chauvinisme, car en vérité la plupart des participants étaient Français : neuf Français sur les douze participants à ces courses de Saint-Cloud 2018, un Anglais, un Allemand et un Japonais. Pour ma part je suis satisfait pour mes premières courses de vélocipède d’être arrivé quatrième à la finale de la vitesse et deuxième à la finale de la lenteur. Je vais m’entraîner pour les prochaines …

Un vice-président de la FFC, Jean-Michel Richefort, présent pour cette commémoration, a chronométré les plus rapides d’entre nous à 23 km/heure, ce que je trouve honorable au regard de l’âge des machines et du développement de nos roues avant allant de 0,9 m à 1 m de diamètre. Soit des développements allant de 2,5 m (comme le mien qui était dans les plus petits) jusqu’à à peine plus de 3 m.

Après les courses, nous avons fait une haie avec nos vélocipèdes devant le bassin supérieur de la Grande Cascade et les marches ont été utilisées comme podium pour la remise des récompenses : une coupe au premier de chacune des deux finales, et une médaille commémorative à chaque participant.

La journée s’est ensuite prolongée et terminée à la Faisanderie, le restaurant du Stade Français situé dans le Parc de Saint-Cloud. Alors pour conclure, je dirais simplement que c’était une journée géniale. Vivement la prochaine commémo !

Texte de Bruno GUASCONI (tonton vélo)
Photos de  Stéphane COCHET, cyclo de Croissy sur Seine

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