Préparation de la vélocio du 19 avril 2019
Long, long récit de Jean Robin qui a voulu nous donner à lire autant de mots qu’il a parcouru de km. N’oublions pas qu’il prépare une velocio qu’il réalisera avec Claude, Christophe et Patrick durant le week-end pascal ! Ca chauffe ! Leur route a croisé celle d’Alain qui, lui, prépare PBP et ses fameux brevets qualificatifs. Allez, roulez jeunesse !
Avec Philippe, Christophe et Patrick premier BRM 200 à NOISIEL. Deux semaines plus tard BRM 200 de MOURS avec Alain au départ. J’en « bave » tellement que j’en redemande et réalise un troisième 200 km la semaine suivante avec un départ de nuit et l’ami Claude.
2018 n’avait pas été mon année et j’avais du renoncer au Graal du premier Brevet de Randonneur Mondiaux. J’avais en effet choisi d’accompagner mon épouse dans des épreuves autrement plus éprouvantes qu’un « p’tit 200 ». Et on les avait collectionnées tous les deux, il y a 10 mois j’étais encore sur la table du carabin, expert en réparation d’épaule- en passant, chapeau bas au toubib qui a bien bossé, je vous raconterai …
9 Mars 2019… Que je l’ai attendue cette date et cette première épreuve ! Peut-être même déjà réalisé maintes fois, en pensée, ce premier BRM !
Je l’ai tant rêvé, que la veille je suis déjà fébrile. Je n’avance qu’à reculons dans mes préparatifs.
J’ai prévu de me coucher tôt ! Il faut toujours « prévoir les imprévus » me disait mon bon père mais moi, toujours chenapan, apparemment, je continue à croire que l’échelle du temps est élastique.
Je m’y suis pourtant pris de bonne heure. Enfin, après que Claude Chaussivert nous ait dégoté une réunion impromptue avec nos assistaneurs de la future Vélocio. Supers échanges, mais qui ont duré bien sûr, chacun y allant de ses meilleurs ou pires souvenirs !
Rentré en hâte et préparant la machine, en ôtant les petits bouts de silex incrustés dans mes pneus, je m’aperçois que l’un d’eux rit jaune, par une légère déchirure de côté. Le temps de m’emporter contre l’état des routes, rien n’y fait. Il faut changer la gomme. Sitôt dit, sitôt fait. Enfin presque ! Tellement peu zen en cette première, je remonte mal la chambre à air. Elle me le fait savoir en m’explosant sous le nez… Super je dois retourner chez le marchand pour être sûr d’en avoir toujours deux… de chambres lors du BRM. Et bien sûr il y a foule chez celui que je choisis ce jour là !
A ce stade la pression n’est plus que dans mes pneus. Je pourrais même faire cuire des « patates »sous ma chemise à ma douce Bretonne ! Je ne couche pas sur le papier les mots alors « susurrés », il en rougirait en s’enflammant.
Bref tout commence bien ! A ce moment là, je me suis même demandé s’il fallait se coucher ou pas !
Pour prendre de l’avance sur le lendemain, au rendez-vous des copains fixé à 5h30, je mets le vélo dans le coffre de la voiture. Enfin presque tout ! Le garde-boue avant, que j’ai pris soin de mal monter sans doute, ne souhaite pas monter en même temps dans ledit coffre, et s’arrange même pour perdre un mini, tout mini, petit écrou dans le noir, sur le macadam noir, sous la voiture où je ne sais où ? De toute façon il fait déjà nuit noire. Cela pourrait me prendre des heures avant que je ne retrouve le fuyard ! A bout, et avant de mettre en quatre ma belle monture, je prends donc la décision que, s’il pleut le lendemain, je serai mieux jambes rafraîchies plutôt qu’au sec et j’abandonne rapidement la recherche du petit objet. J’enlève le garde-boue et le laisse, lui, au sec…
23 heures, mon sac restauration enfin rempli de délicieux sandwichs, que j’ai bien du mal à ne faire que regarder seulement, je me glisse dans les bras de Morphée. J’ai en effet choisi de changer de compagne pour la nuit et fais chambre à part pour qu’à 4h la Bretonne poursuive sa longue nuit…elle ! L’endormissement fût très facile. Vous ne me croyez pas ? Vous avez raison !
J’ai eu beau rouler 1 700km depuis début janvier dans le froid, le vent et parfois la pluie pour m’endurcir, on ne se lance pas dans une aventure comme celle-ci à 69 ans sans se demander si elle est vraiment réalisable et point trop présomptueuse…
4 heures, la douce mélodie de mon « p….. » de téléphone sonne ! Avec lenteur je comprends le rappel et me hâte de déjeuner. Il n’est pas question de faire attendre les amis dès le départ. Ils vont ensuite tellement souvent m’attendre, dans les côtes.
D’ailleurs l’un d’entre eux a déjà compris. Patrick m’a en effet confié avoir fait un rêve… Pendant son songe, d’une nuit d’hiver, et se retrouvant à vélo devant moi, il a mis des sangles dans son sac à dos, le bienveillant. Devinez pourquoi ?
5h25 Je pêche Philippe Mariani près du bois ; il est bien réveillé et ne me laisse pas me rendormir. Ceux qui connaissent Philippe me comprennent. 5 minutes plus tard on est au COSSEC où Christophe Pelletier, Patrick Thuret et Gilles Moutin nous attendent.
7h15 arrivée à NOISIEL, Cours de la Remise aux Fraises, mais sans les fraises. Envolées les fraises tellement le vent souffle déjà bien fort!
Nous cherchons à distinguer parmi la foule qui se presse dans la nuit, Philippe Oliveira et Gilles Deharbe, qui eux aussi, visent ce premier BRM de l’année. Ils sont bien dans les starting- blocks. Nous prenons nos cartons à l’enregistrement et ne « décollons » qu’à 7h25, lâchés par paquets d’une trentaine de cyclos, après le premier coup de tampon de la journée sur nos cartes de route de l’Audax Club Parisien, organisateur de l’épreuve.
Au moment de partir, le super feu arrière, bien rouge pétant et tout neuf, chargé la veille ne répond pas. L’ai-je trop dopé ? Pas assez longtemps ? Est-il comme moi encore un peu endormi, ne comprenant pas ce qui lui a pris de me suivre ? Toujours est-il qu’au moment de l’allumer il ne communique plus ! Même pas en braille. Heureusement je me suis affublé d’un petit feu supplémentaire sur le casque, que certains prendront, peut être à raison, pour un p’tit grain. Lui, fonctionne !
D’entrée, je constate que les organisateurs ne m’ont pas oublié ! Dès le départ de NOISIEL, ils ont planté une côte. Très sympathiquement ils en ont d’ailleurs placées sur tout le parcours. On se croirait dans une partie de jeux de société genre Monopoly !
Chacun le sait maintenant, j’adore les côtes, et en prendre une, à froid, ce serait presque me décourager de débuter la journée de bonne humeur. Je prends donc, cette fois, mon mal en patience et ne me mets surtout pas « dans le rouge »
Filant à travers les rues encore peu éclairées du petit matin, dès la ville dépassée, nous sentons que le vent pousse. « On l’a dans le dos » c’est super ! Ce qui veut dire qu’on aura sans doute la « renverse » pour rentrer… Moins drôle. Surtout qu’il est prévu des rafales à 60km/h !
Pour le moment, nous ne boudons pas notre plaisir, c’est agréable et même grisant. Mais notre vigilance redouble très vite : on rencontre « le soufflant » parfois un peu de travers et ce n’est plus la même histoire ! Il faut tenir nos montures et leur éviter d’aller brouter les berges.
Le parcours annoncé par l’ami Christian, moins exigeant que celui d’Andrésy niveau dénivelé, me paraît pourtant déjà une montagne. Nous ne cessons de monter et descendre. A la fin de la journée mon GPS annoncera même 1 570m pour 1 000m annoncés ! Heureusement on en a redescendus 1597m et j’excelle dans les négatifs… faites l’essai, mettez une bille sur une pente. N’importe laquelle. Elle la descendra toujours, mieux qu’elle ne la montera ! Moi j’ai le profil type de l’objet.
De collines en vallées nous progressons, nous arrêtant quand même deux fois pour réparer « nos « boyaux » percés ou déjantés. Petite pluie oblige, on double d’ailleurs un paquet de cyclos-réparateurs sur le bord de la route.
Après avoir rattrapé la Marne à La FERTE SOUS JOUARRE, on ne va plus la quitter jusqu’à CHATEAU-THIERRY où nous allons presque pédaler à travers des vignes rencontrées, tant le vent nous pousse de trois-quarts arrière sur les versants plantés de futurs breuvages bullés.
84 km plus tard donc, nous sommes encore sur le qui vive. Cette fois il nous faut trouver le point de contrôle obligatoire de BRASLES et faire oblitérer nos cartons pour valider le brevet. On questionne les passants de retour du marché, et le café de la Mairie apparaît. On s’est inquiétés pour rien. Il était immanquable le « petit café », vu la foule qui s’y presse ! Bon nombre de cyclistes, sont en effet à la recherche de la validation de leur premier BRM obligatoire, en vue de leur participation au PARIS-BREST-PARIS du mois d’août prochain.
Petit coup de tampon sur nos petites cartes jaunes et « petite gâterie » avalée (le sandwich, lui, je ne l’ai pas mal préparé) nous perdons le moins de temps possible dans les contrôles. Nous sommes organisés, Philippe garde nos bijoux (moi je garde ceux de famille) et je fais valider nos cartons (heureusement sans difficulté) puis nous enfourchons nos machines pour rejoindre le contrôle suivant, à 57km de là.
Le trajet va se corser. Après avoir bordé de multiples champs de vignes, en pensant aux nombreuses bouteilles vertes et bouchons cerclés que nous laissons sur le bord de la route, nous obliquons au Sud à MONT-SAINT- PERE. Notre route croise le « vent malin ». Il était prévu qu’il forcisse vers 11h. Il est bien au rendez-vous ! On avait espéré qu’il modifie sa direction… que nenni, il nous frappe par le trois-quarts avant cette fois. J’ai oublié de mettre des voiles dans mon sac ! Le « foc » est resté chez moi. Impossible donc de le hisser pour remonter au vent !
De sensations grisantes jusque là ressenties, celles-ci deviennent grimaçantes. Je commence à « piocher », je dois avoir fière allure ! Mon fessier commence à me réclamer des pauses que sadiquement je lui refuse. Très partageur il me transmet ses douleurs.
On grimpe, on descend, on regrimpe, on redescend, le nez au vent mais pas que…
Il joue avec nous le malin. J’essaie d’en faire autant. Cherchant l’abri à droite, à gauche, suivant les aléas des virages enchaînés, derrières des équipiers, eux aussi arc boutés sur leur frêle machine puisque le « tortionnaire » veut nous surprendre du sud ouest.
Heureusement j’ai de supers équipiers confirmés qui, avant même que je ne réagisse aux brusques changements de configuration, sont déjà placés pour m’offrir leurs « girons » dans lequel je m’engouffre.
Merci Philippe pour tes judicieux conseils et qui souvent, très souvent, ralentis ton allure pour que je ne décroche pas. Merci Christophe qui sait en faire autant, comme distiller tes multiples encouragements, près de moi chaleureusement susurrés. Merci Patrick, pour qui, comme moi, c’est le premier BRM 200, pour nos échanges partagés, tes lectures justes de GPS, comme pour ton aide précieuse dans le vent soufflant.
Merci aussi à toi courageux Gilles, au coup de pédales chaloupé. Un brin présomptueux tout de même de t’être engagé avec cette « crève », sur ton beau vélo tout neuf et si craquant ! Merci de m’avoir permis de récupérer pendant que toi aussi tu étais en galère.
Merci Joël Desroches du VCMB, toi qui t’es joint à nous dès le départ et auquel je suis redevable de m’avoir « raccroché » plus d’une fois à notre mini peloton. Je n’ai jamais autant ressenti alors la réalité de l’abri derrière un équipier. Un mètre derrière ceux-ci se dressait un mur que mes « molles guibolles » m’empêchaient de combler ! Quel bonheur d’avoir un ami compréhensif près de soi dans cette galère.
Enfin, après avoir enjambé moult ruisseaux, comme traversé tant de beaux villages, nous tamponnons nos cartes pour l’avant-dernière fois au bar des 3 Routes à REBAIS.
Pour nous point de bières au comptoir que d’autres, bien peu respectueux des hôtes tenanciers, ont « pourri » le doux lieu. Nous ne manquons pas d’y ravitailler nos gourdes assoiffées et repartons rapidement. Restent une soixantaine de kilomètres à « débouler ».
Le jour, lui aussi fatigué, commence à décliner, notre vitesse aussi. Et c’est avec une immense joie que nous apercevons bientôt les lueurs de NOISIEL se profiler au loin.
La douce sensation de la « tâche » accomplie vient calmer les douleurs de la selle enflammée et des coups de lames endurés par mon épaule encore fragile.
Le bonheur est à son comble. Chacun y va de ses commentaires. D’embrassades en félicitations, nous n’en finissons pas de partager le bonheur d’avoir roulé ensemble et réussi le challenge.
Nous sommes partis dans les derniers, mais nous reconnaissons des cyclistes, partis avant nous et encore sur les voies. Des « jeunes» que l’on voit régulièrement nous dépasser en vallée de CHEVREUSE traînent encore derrière nous. Le pied quoi !
On l’a finalement bien géré le 200. Enfin, nos « maîtres » l’ont bien géré pour nous.
La nuit envahit les lieux, il est grand temps de retrouver nos proches, bien maltraités en ce moment par nos projets, et dont je ne suis pas sûr qu’ils soient bien sensés. Merci à eux d’accepter nos absences et de comprendre nos envies.
23 Mars, deux semaines plus tard avec Christophe et Patrick nous repartons pour notre deuxième BRM 200, à MOURS dans le VAL D’OISE, le bien nommé, vous comprendrez pourquoi !
Je m’étonne d’en avoir encore envie, tant j’en ai bavé dans le vent sournois, mais reçu en échange tant de si beaux souvenirs. A la maison on dit que je dois être « maso ». Je ne suis plus très loin de le penser aussi. Mais le plaisir l’emporte et je me prépare cette fois avec un peu moins de stress.
Départ du COSSEC à 5h20 pour charger les vélos. Je voyage avec Patrick. Christophe nous suivra, il a charge d’âme et doit rentrer au plus vite dès les 200km réalisés.
A l’enregistrement ce n’est plus la même situation. Au lieu des environ 450 participants de NOISIEL nous ne sommes plus que 140. Il y a donc la place et le temps de retrouver l’ami Alain Lesauvage qui sympathiquement a déjà pris nos cartes de pointages. Nous sommes donc en avance, mais nous traînons quelque temps, tellement on se croirait sur un rallye du dimanche où les échanges vont souvent bon train avec les amis rencontrés.
On finit quand même par se lancer. Alain mène la troupe, il a déjà un super coup de pédale. Mais le froid l’envahit. La météo a encore fait des siennes. Le beau temps prévu s’est affaissé. Alain, heureusement n’a que les jambes à l’air, mais c’est suffisant. Il a beau se les frapper, rien n’y fait. Une seule solution, augmenter la cadence. Vous connaissez le baroudeur, s’il embraye cela va se corser ! Inutile de vous dire que pour moi l’asphyxie me guette. Je fais donc un effort pour remonter à son côté et lui glisser à l’oreille, que » je ne tiendrai pas le rythme ». Il me reçoit 5/5 et s’envole. Je pousse un soupir de soulagement…ou plutôt, quelques soupirs de récupération !
Un début de parcours vers le nord, face au vent très souvent, voilà ce qui nous attend. Indigeste au possible pour moi avec des toboggans, en veux tu en voilà, qui s’enchaînent rapidement. Avec pour seule distraction la contemplation de champs de terre plantés d’éoliennes, dans d’interminables lignes droites, empruntées par une flopée de véhicules. Je ne suis pas loin de regretter de m’être lancé dans l’aventure… je me suis mis dans le rouge à vouloir suivre le baroudeur un moment, je vais le payer !
Le parcours me paraît vraiment très exigeant pour mes capacités du moment. Les bosses s’enchaînent et ne permettent que très peu de récupération.
Merci une nouvelle fois à mes amis qui sont restés près de moi à m’encourager ou solliciter ma fierté, lorsque je « lorgnais » vers les camions, pour faire de l’auto-stop, en pensant que l’un d’eux pourrait bien contenir ma monture et le bonhomme .
La seconde et troisième partie redeviennent sympathiques, sinueuses et plus roulantes. Les vallons s’enchaînent, le vent nous pousse un peu. Seul le beau temps est encore absent mais nous bouclons quand même les 200km aux 1778 m+ en 10h40. Il faudra tout de même monter à l’observatoire surplombant le divin paysage, dont la vision adoucira les douleurs ressenties pour se hisser la haut !
A l’arrivée je suis aux anges. J’ai vécu une nouvelle belle expérience, certes où j’ai failli abandonner dans ces « foutus » toboggans, mais je mesure maintenant pleinement les dires des vieux briscards : « Sur un parcours tu peux être mal un moment, et quelques temps plus tard t’être refait la cerise ». Un autre à son tour pourra se retrouver « dans le dur ». Chacun rencontre ses difficultés…
Une semaine plus tard c’est notre première sortie de nuit de l’année. Pourquoi donc ne pas recommencer un 200km, les quatre amis réunis cette fois ?
En effet, maintenant remis, après deux semaines de repos forcé, notre cap’taine Claude Chaussivert a concocté une trace en vue de nous apprendre à randonner de nuit. Il a opté de rouler sur un parcours connu. Les obstacles, aperçus au dernier moment lorsqu’ils traverseront nos feux, nous surprendront peut-être moins.
Claude, lui n’a pas encore réalisé de 200km cette année. La faute à un violent coup de vent qui l’a écarté de nos périples durant 2 semaines lors de nos entraînements dans la vallée de l’Eure avec Bernard Fleury : projeté contre ma roue arrière et expédié dans un champ ! Les bras en croix et couvert de terre «comme en 14», notre valeureux et courageux cap’taine, bien que blessé aux côtes lors du premier tiers de parcours, avait terminé ce 150km « tiré » par les copains.
J’ai l’autorisation de ma douce et j’en profite
3 heures… Il est déjà temps de se lever. Cette fois je suis réveillé avant le beugle, j’ai su me coucher plus tôt ! Le métier rentre…
Il n’y a pas à prévoir de mettre le vélo dans la voiture. On démarre du COSSEC à MAUREPAS.
Pas un bruit ou plutôt si… les bruits feutrés de la nuit !
Certains d’entre nous, ayant déjà tant bourlingué, de flèches en diagonales, ou de Paris-Brest-Paris avalés, ont le GPS dans la tête, les sensations emmagasinées. Le moindre petit gravier, la branche cassée qui borde la route, le moindre virage… ils connaissent !
Grimper un sommet dans la nuit, la lampe greffée sur le crâne pour découvrir le lever de soleil, descendre en apnée à quinze mètres, plonger de douze mètres… je sais faire, mais se jeter sur les routes dans le vide… Non ! Christophe, qui a monté un phare à faire pâlir tous les veilleurs des côtes bretonnes, ne rencontre pas de problème d’éclairage. On y voit comme en plein jour avec son projecteur d’au moins 100.000w. Avec Philippe qui, lui a un feu au c… des plus rougissants, on ne craint rien non plus de l’arrière. Au diable les hardes de sangliers qui se risqueraient au travers du peloton. Gare aux loups, qui en perdraient la vue !
Sitôt partis, dans COIGNIERES, pas de chance. Le feu avant de Claude saute du vélo, en marche. C’est un cascadeur sans doute qui heureusement ne se casse que l’attache au guidon. Encore près de la maison je file chercher du Chatterton dans la nuit noire. Nous bricolons et l’ami Claude revoit enfin la route.
Le parcours est superbe. Les sensations de nuit grisantes. Les Ponts et Chaussées ayant parfois, mais trop rarement, balisé de bandes blanches latérales des plus seyantes le bitume réfectionné comme sur une piste de F1, il n’y a qu’à la suivre des yeux. Elle permet même de prévoir les dénivelés en douceur. Notre vue ne portant pas si loin que d’habitude, je rencontre moins l’appréhension du dénivelé et nous « avalons » les bosses, comme les kilomètres à vive allure. Pour moi « le grimpeur » c’est le pied !
Quelque 80 kilomètres plus loin nous rejoignons Maurepas et prenons le chocolat chaud au Bretagne pour nous restaurer avant de rejoindre le groupe « Briançon », dont c’est le premier entraînement, pour un 120 km sous le soleil.
Agréable sensation avec des baroudeurs de sommets et leurs ouailles, Alain Lesauvage, Dany Krantz, Jef Deslandes, Christian Helmstetter, Corinne Colin, Maurice Gontier, heureusement pas encore trop affutés pour l’instant. Attentif au moindre conseil des maîtres, d’observations en applications je m’étonne et parviens même à suivre. Attention c’est leur premier entraînement me rappelai-je !
Certains de mes équipiers habituels me surnomment même le cabri. Tu parles, moi un cabri ! Leurs cours de sciences naturelles doivent être bien loin…
Je ne cesse donc d’observer… Jusqu’à la côte du cimetière qu’on dit de VILLENEUVE, alors qu’il est bien bucolique ce coin là du vieux village de MAUREPAS. Et là… Moi je l’aime tant le paysage que j’y reste le plus longtemps possible … le décrochage s’opère, vous imaginez pourquoi…
Cette fois je rentre, tout de même de bonne heure à la maison, à tant vouloir les suivre… les baroudeurs. On aura bien roulé 204 km et 1143 m + dans notre journée. J’ai l’impression qu’il me reste même de l’énergie pour affronter d’autres kilomètres… sur du plat !
Ma douce, étonnée par cette heure inhabituelle de retour, me le fait remarquer. Ravi, je comprends que j’aurai d’autres permissions de sorties…
Je me rends compte enfin que je progresse… un peu !
Merci mille fois à Claude de m’avoir invité à participer à ces merveilleux moments de partage et d’apprentissage qui ont permis cette progression.
Vivement les prochaines virées avec les camarades embarqués, et, vous l’aurez compris, au plaisir de vous rencontrer sur ces routes de notre belle France.
Texte de Jean Robin
Photos CT. Maurepas