TAT 2020 … puis TAT 2021 : une collection de beaux souvenirs
La virée de 44 femmes hyper-motivées narrée par quelques messieurs
Quelques précisions en guise de préambule : pourquoi en tant qu’homme ai-je eu la possibilité d’accompagner ces dames dans cette belle aventure ? Simplement parce qu’initialement, à l’automne 2018 où a débuté la préparation de ce voyage, j’étais inscrit en tant que pilote de tandem avec ma passagère Colette. Mais les circonstances ultérieures ont fait que d’une part mon accident a rendu problématique la fonction de pilote et que d’autre part Colette a connu également des soucis lors de sa préparation et a réalisé qu’elle ne serait pas en mesure de tenir physiquement sur les trois journées de traversée du Massif Central. De mon côté je me suis « incrusté » car tenté par ce challenge même si j’étais sorti en partie handicapé de la semaine fédérale (chevilles douloureuses). Et je ne voulais pas compliquer encore plus la tâche de la formidable organisatrice de ce séjour, Chantal Jumel, qui avait déjà assez de soucis avec les désistements d’hébergements de dernière minute. Je fus ainsi le seul privilégié à les accompagner en vélo solo ! J’étais inscrit dans le groupe 4 défini par une vitesse de croisière entre 18 et 20 km/h selon la difficulté des étapes, groupe comptant au départ 9 féminines (Françoise Renard et Françoise Gendreau, Catherine Leclerc et Catherine Labourot, Marine Gautier et Martine Lesauvage, Malika Gadou, Lalao Herbiet, Jacqueline Choiseau). S’ajouteront au second jour Chantal Leconte et au troisième jour Odile Feuillatre.
Samedi 04 septembre : St Quentin-en-Yvelines / Orléans : 124 km pour 780 m de dénivelé.
Nous démarrons à 8h30 après une collation offerte par le Vélodrome et la séance de photos avec les officiels. Les départs des 6 groupes s’échelonnent toutes les 2 mn. Je fais partie du groupe 4 fort de 10 membres. Très vite nous rattrapons le groupe 2 parti devant suite à une chute malencontreusement de notre organisatrice en chef, Chantal JUMEL. Petite contusion au poignet semble-t-il. Premier arrêt pour la photo d’un col anecdotique et surprenant du département, le col du Manet qui culmine à 170 m et qu’on atteint sans la moindre côte !
De là nous rejoignons la descente de Port-Royal et obliquons sur St Lambert ce qui permet d’éviter la côte menant à Dampierre. Arrivée à Chevreuse et première montée vers les Molières. La traversée de Limours se révèle pénible en raison de l’enchaînement de trois feux non coordonnés en pleine côte. La première pause a lieu à St Cyr-sous-Dourdan, au bas d’une descente, au niveau du parking d’une ferme-auberge dont les fumets de barbecue viennent titiller nos narines. Nous abordons ensuite Dourdan que nous évitons par un large contournement. A la sortie, un bel attelage en mosaïculture nous indique la direction. Une dernière côte et nous quittons le Hurepoix, pays vallonné (vallées de l’Orge, de la Bièvre, de l’Yvette, de l’ Essonne..) et boisé, pour aborder le vaste plateau de la Beauce. A partir de là, finies les forêts et les pâtures, place à l’openfied de chaumes (nous arrivons après les moissons) et de champs de betterave sucrière qui apportent un peu de couleur. Nous allons à présent longer l’autoroute, la franchir de temps à autre, avec comme perspective les champs d’éoliennes, pratiquement toutes à l’arrêt.
Le premier pique-nique se déroule à Sainville, devant l’école que nous peinons un peu à trouver car elle se situe un peu à l’écart de la trace. L’occasion de découvrir l‘équipement quasi-professionnel de notre staff logistique et un premier déjeuner sansfaute qui régale toute la troupe. Nous voici bien installés sur les pelouses et à l’ombre pour ceux qui le désirent. La reprise se fait sans difficulté ce qui ne sera pas toujours le cas puisque nous filons facilement à plus de 22 km/h plein sud sur le plateau avec un petit vent chaud, latéral mais favorable.
Seul incident, un saut de chaîne bien vite réparé. La pause de l’aprèm à Poupry arrive à point nommé car quelques échauffements plantaires se font sentir.Madame la maire, présente fortuitement, s’informe sur notre aventure. Nous repartons à l’assaut de longues lignes droites, sans trop d’efforts, et abordons finalement la banlieue d’Orléans où nous serions vite perdus sans l’appui de nos GPS car les panneaux de signalisation sont inexistants dans ces zones mi-commerciales, mi-industrielles lorsqu’elles ne sont pas en friches ! Sans compter les pistes cyclables piégeuses et l’énorme chantier au niveau de l’échangeur autoroutier avec la poussière qui l’accompagne. Heureusement nous touchons l’hôtel Campanile vers 16h15 tout comme les deux camionnettes de logistique ce qui permet un emménagement rapide et la réalisation d’une première lessive avec séchage au soleil sur les grilles de la clôture de l’hôtel. Les divers groupes arrivent sans grand décalage et un premier débriefing permet de constater que tout s’est bien déroulé et qu’il n’y a pas lieu de modifier la composition des équipes.
Dimanche 05 septembre : Orléans / Chemillé-sur-Indrois : 119 km pour 780 m de dénivelé.
Notre groupe démarre vers 8h30 et jongle avec les pistes cyclables plus ou moins fonctionnelles jusqu’à rejoindre le pont franchissant la Loire. Petite séance photo car il fait beau et l’architecture du pont est originale. Nous longeons ensuite quelque temps le fleuve sur la digue avant de la quitter et de rejoindre la route menant à St Hilaire-St Mesmin, pays de la cerise. L’occasion de franchir le Loiret, premier affluent de la Loire traversé dans cette journée. Mais le parcours officiel nous empêche d’admirer le rond-point dévolu au fruit rouge à la différence de Martine G. et Catherine L. qui, sans GPS, sont allées tout droit et ont pu photographier pour nous le fruit emblématique du pays. Les croyant perdues, nous les attendons un petit moment quitte à faire demi-tour. Au bout d’un quart d’heure, le groupe se reconstitue et progresse au milieu des vergers et des cultures maraîchères. Nous retrouvons une route plus circulante ensuite et longeons sans le savoir la basilique Notre-Dame de Cléry-St André, bel édifice gothique de pierre blanche, où se trouve la sépulture de Louis XI ! Il faudra revenir… Nous apercevons sur notre droite le panache d’un des 2 réacteurs de la centrale nucléaire de Beaugency – St Laurent-des-Eaux. Les longues lignes droites sont doublées de pistes cyclables pas toujours simples à utiliser en raison des racines saillantes par endroits et des recouvrements de gravillons. Grâce à l’ami Alain posté au bon endroit, nous rejoignons le bord de la Loire à Nouan-sur-Loire pour une petite pause, la découverte d’un hameau pittoresque avec sa capitainerie et une barge d’antan amarrée sur le bord du fleuve. Séance photo de plusieurs groupes devant une ancre avant de repartir.
Nous abandonnons de suite la Loire pour prendre la direction du sud-ouest et nous diriger vers Chambord. Nous entrons alors dans le domaine royal et sa vaste forêt. Petit incident à l’entrée où Martine L. se fait piquer par une guêpe. Une première photo du groupe est prise dès que nous apercevons le château, en cours de réfection, puis le groupe se scinde en deux entre celles qui optent pour une vue rapprochée et celles qui poursuivent la route. Faut-il ou non prendre le temps d’un petit crochet au risque de trop nous retarder ? Dilemme qui ne sera pas résolu. Nous retrouvons finalement devant le château un autre groupe et bénéficions d’un meilleur angle pour la photo, permettant de cacher les échafaudages. Nous rejoignons ensuite en partie le groupe, Malika et Martine L. ayant opté de poursuivre de façon à prendre un peu d’avance. Nous quittons la forêt et le domaine royal au prise avec des cohortes de bolides rugissant qui paradent pour je ne sais quelle publicité ou quelle manifestation de fans ! Nous longeons les premiers vignobles de l’appellation Cour-Cheverny et un petit moment les rives du Beuvron avant de prendre plein sud la direction de Thenay, toujours au milieu des vignes (appellation Touraine), et de toucher le point de pique-nique, au bord d’un étang ombragé. La pause-déjeuner est la bienvenue après une longue matinée de 86 km. Il est vrai qu’il est 13h30.
La reprise se révèle aisée car en longue descente jusqu’à la vallée du Cher avec au passage un aperçu de quelques maisons troglodytiques. Mais il faut remonter le versant méridional ce qui aurait pu inquiéter. Fort heureusement la pente est douce et nous atteignons le plateau sans difficulté. Mauvaise surprise ensuite avec une longue portion de gravillons fraîchement épandus qui donnent de sueurs froides à Malika dans les descentes. Les champs de sorgho et quelques rares cultures de sarrasin nous accompagnent et remplacent les vignobles précédents. Petit arrêt à Orbigny où le nom de la rue du maquis d’Epernon intrigue les rambolitaines ; il s’avère que le maquis local, constitué en 1942, prit le nom du duc d’Epernon, seigneur féodal de Loches aux XVI-XVIIe siècles, qui symbolisait la résistance d’alors aux ennemis du royaume car il fut le mignon et le bras droit d’Henri III. De là nous rejoignons Chemillé-sur-Indrois, terme de l’étape. Nous longeons le plan d’eau avant d’atteindre les chalets des coteaux du lac sous un beau et franc soleil. Condition idéale pour faire rapidement une petite lessive et mettre à sécher nos cuissards et maillots.
La soirée se déroule en extérieur sur les berges du lac, au Carpe Diem, et permet d’assister à un beau coucher de soleil qui se reflète sur les eaux du lac.
Lundi 06 septembre : Chemillé-sur-Indrois / Montmorillon : 101 km pour 660 m de dénivelé.
Notre équipe logistique est de suite mise à contribution puisqu’elle organise exceptionnellement le petit-déjeuner. Le chalet dévolu à la chose connaît dès 7h30 une forte animation ; véritable ruche qui incite à rechercher une table en extérieur. Le contrat est parfaitement rempli par notre équipe remarquablement rodée. La journée s’annonce superbe avec un soleil déjà bien présent ; gare au coup de chaleur. Nous démarrons à 8h20 et nous arrêtons rapidement pour admirer au fond d’un vallon la Chartreuse de Liget, fondée au XIIe siècle par Henri II Plantagenet, roi d’Angleterre. Démantelée suite à la Révolution, elle est rachetée par un particulier au XIXe siècle et en partie restaurée. Elle est toujours habitée et lieu de concerts. Nous poursuivons à travers la forêt de Loches puis traversons l’Indre avant d’atteindre Verneuil-sur-Indre et son château en deux parties, une grosse tour du château vieux du XVe et le château neuf néo-classique du XVIIIe, en partie remanié et fermé actuellement. Un magnifique parcours de golf se situe à l’entrée du bourg. Les odeurs de pain frais à la traversée du bourg conduisent nos accompagnateurs à faire provision pour le pique-nique.
Nous poursuivons ensuite sur de longues lignes droites en terrain vallonné avec des champs de millet de part et d’autre. La pause matinale se situe au bord d’un étang, à St Flovier. Nous retrouvons un terrain relativement plat avant d’atteindre le parc naturel de la Brenne, région bocagère parsemée d’étangs et lieu d’élevage. Nous ne faisons en fait que longer sa partie occidentale ce qui explique le peu d’étangs rencontrés. La vallée de la Creuse s’annonce avec une longue descente qui aboutit à l’abbaye bénédictine de Fontgombault et sa superbe église romane dont nous apercevons les chapelles rayonnantes. Les abbés du XVe siècle contribuèrent au développement de la pisciculture des étangs de la Brenne. Mais point d’arrêt, le pique-nique étant installé sur l’autre rive de la Creuse, à l’orée de la forêt. Nous apprécions la fraîcheur du lieu tout comme la qualité de la restauration.
La reprise se révèle quelque peu laborieuse avec une côte tout d’abord puis 3-4 km certes de plat mais plein est et vent de face avant de repartir plein sud. C’est là où nous retrouvons Jean-Louis, cyclo rambolitain qui va encadrer les cyclotes éponymes jusqu’à Montmorillon. Il fait chaud (30-31°) en cet après-midi et le manque d’eau se fait sentir. Mais pas un village avec son église et son cimetière, point d’eau classique pour tout cyclo, à l’horizon.
Nous ne croisons que de petits hameaux avant d’apercevoir enfin un clocher à Haims. Hélas pas de cimetière sur notre trajet, celui-ci se trouvant à la sortie du village mais sur une autre route. Par chance nous interrogeons la propriétaire d’un logis en rénovation, dont l’accent nous questionne. Elle est anglaise (de Blackpool, dans le nord-ouest de l’Angleterre) et monte un restaurant dans ce tout petit village.
Elle nous offre gracieusement de l’eau fraîche et même des glaçons pour les premiers servis. Et sa carte de visite pour un prochain passage ! L’arrivée à Montmorillon est toute proche. Si la périphérie de la ville ne présente aucun cachet, loin de là (c’est même assez déprimant), le vieux bourg le long de la Gartempe est au contraire très pittoresque avec son quartier médiéval en rive gauche, sur l’éperon rocheux, devenu Cité de l’écrit et des métiers du livre depuis l’an 2000, et le rocher de la Vierge qui domine le tout. Comme nous sommes arrivés de bonne heure, nous avons la possibilité de flâner dans la vieille ville et d’admirer façades en colombages, boutiques anciennes, panorama sur la Gartempe….. et de boire un coup !
Mardi 07 septembre : Montmorillon / Nontron : 128 km pour 1620 m de dénivelé.
Ce matin, le parcours s’annonce nettement plus vallonné sans pour autant être montagneux car nous abordons la partie la plus occidentale du Limousin. Le départ se fait au plus tôt, dès 8h05, pour profiter de la fraîcheur, la journée s’annonçant chaude une nouvelle fois et fort longue. Les premiers kilomètres le long de la Gartempe sont relativement doux et nous prenons tranquillement de l’altitude. Jean-Louis nous retrouve pour la matinée, ayant suggéré la veille à quelques–unes d’entre nous de s’approvisionner à une source « miraculeuse » à la sortie de la ville. Il nous fait arrêter à Bussière-Poitevine, face à une plaque commémorative d’un jeune résistant qui est demeuré pendu sur la place du village durant 2 jours, exaction perpétrée par la division SS Das Reich 48 h après le massacre d’Oradour-sur-Glane. Entre temps nous croisons un autre groupe de féminines de l’Orléanais qui suive en partie seulement notre trajet. La similitude des maillots conduit certaines à les suivre avant de réaliser leur erreur ! Notre parcours entre forêts et bocages nous fait emprunter de toutes petites routes pour aller couper la D951, artère particulièrement circulante, encombrée de poids lourds dans les deux sens. Fort heureusement une des deux camionnettes de logistique survient sur notre gauche et coupe la circulation de la file correspondante ; un poids lourd espagnol en fait de même dans l’autre sens, nous permettant de traverser en toute sécurité. Le paysage change peu à peu, devenant plus bosselé, avec une vraie côte avant l’arrivée à Bussière-Boffy où nous prenons le temps d’admirer la belle église romane et faisons le plein d’eau. Nous sommes à présent bien installés en pays granitique comme en témoignent toutes les constructions. Et l’élevage est roi ici avec la belle race bouchère limousine au pelage marron-orangé. La pause du matin n’est pas loin, à St Christophe. Nous poursuivons sur Elagnac (département de la Charente) où une partie du groupe prend le temps d’admirer le château de Rochebrune. Il faut dire que nous roulons depuis un petit moment en deux équipes ce qui permet à chacune et chacun de trouver son rythme de progression.
La traversée de la Vienne nous amène à changer un temps de direction à savoir nous diriger plein ouest avant de reprendre la direction du sud après Chassenon, lieu où nous croisons un autre groupe de féminines en route pour Toulouse. Et, arrivés à Pressignac, nous plongeons dans le vallon pour atteindre le lieu du pique-nique, en principe le long de l’étang de la Chauffie. Mais le lieu prévu est fermé et il nous faut gravir à pied un mauvais chemin pour trouver camionnettes et ravitaillement. Dur dur ! Qu’importe, il est grand temps de se ravitailler car la journée n’est pas finie. Et je doute que l’ensemble du groupe ait conscience qu’il repose ses fessiers sur les débris d’un énorme impact météoritique (astroblème dans le jargon géologique), dit de Rochechouart, localité toute proche, remontant à 207 millions d’années, dont le point d’impact se situe à moins d’un km du lieu de pic-nic, au niveau du hameau de la Judie. Le diamètre de l’astéroïde a été estimé à 1,5 km, sa vitesse autour de 20 km/s et il a généré un cratère de 20 km de diamètre avec des débris projetés jusqu’à 400 km tout autour. Il proviendrait de la ceinture d’astéroïdes située entre Mars et Jupiter. Les roches résultantes de l’impact ou brèches ont servi à la construction des maisons et monuments locaux (thermes romains et église de Chassenon) ; elles ont intrigué bien des géologues depuis leur première description au XVIIIe siècle avant que leur nature d’impactites ne soit démontrée fort récemment, à savoir en 1969.
Mais voilà, pas question de trop traîner et s’interroger sur le passé bien lointain, il convient de repartir car il reste encore près de 45 km à parcourir et il faut remonter cette côte si facilement descendue, chose d’autant plus frustrante qu’on la redescend aussi vite un peu plus loin pour remonter encore et encore… Le parcours se corse avec quelques raidillons et de toutes petites routes par moments. Heureusement la digestion fait son effet et les forces reviennent. Après Cheronnac, nous passons devant un enclos de petits canaux aménagés que nous supposons correspondre à la source de la Charente d’après notre roadbook (chose démentie depuis par une recherche sur internet).
Un autre arrêt a lieu au niveau de château Rocher niché au milieu de la forêt, ancien relais de chasse du XVe siècle offert par un évêque à sa maîtresse puis agrandi au XIXe et reconverti récemment en chambres d’hôtes et surtout lieu de mariage. Nous admirons à travers la grille du domaine sa longue façade, son allure de château de la Belle au bois dormant et l’étang à ses pieds. La pause de l’après-midi ne tarde guère et encore de petites routes, de belles forêts qui nous font déboucher au niveau du lac de St Estèphe. Le parcours proposant de longer la rive du lac, la tentation est grande de s’y arrêter d’autant que déjà un autre groupe s’y prélasse, voire de s’y baigner sous un chaud soleil. Petite demi-heure de détente avant d’aborder les derniers kilomètres menant à Nontron. Mais, suite à un peu d’inattention à mon GPS, je me retrouve embarqué seul en direction de la nationale à la sortie de Poperdu (lieu bien nommé vous en conviendrez !). Je ne m’attarde guère sur la grande route et retrouve vite moyen de revenir sur la trace mais sans récupérer le reste du groupe. Et malchance encore à l’entrée de Nontron, mon GPS qui donne des signes de fatigue a perdu la trace et, au lieu d’aller tout droit pour rejoindre le haut du centre-ville, je me retrouve à descendre jusqu’en bas de la cité sur une route circulante et en piètre état avant de pouvoir remonter la vieille ville jusqu’à atteindre l’hôtel adossé à la mairie. Rude journée mais de beaux paysages en pays cristallin et un dîner périgourdin revigorant qui en annonce un autre ! Nous voilà arrivés à la limite entre le Limousin et le Périgord vert. Demain grand changement en prévision car nous allons retrouver les pays calcaires.
Petite remarque pour minéralogistes : cette étape a permis de relier deux localités qui ont donné leur nom à deux minéraux argileux (des phyllosilicates de la famille des micas), la montmorillonite au départ, d’origine hydrothermale, et la nontronite à l’arrivée, autre argile ferrifère dont le gisement décrit au XIXe a hélas été perdu mais inspire depuis 2012 les géologues de la Nasa puisque le rover Curiosity l’a identifiée comme argile majeure du sol martien ; d’ailleurs le trajet du rover est cartographié par nombre de localités du Périgord ; étonnant la référence des américains à la France !
Mercredi 08 septembre : Nontron / Cadouin : 111 km pour 1480 m de dénivelé.
Comment seront les jambes ce jour après l’étape corsée de la veille et au vu de celle tout aussi ardue qui s’annonce ? La première des précautions est de prendre un bon petit-déjeuner, chose aisément réalisable au grand hôtel que nous quittons pour descendre tout en bas de la ville, traverser le lit très encaissé de la rivière local, sous le viaduc de la voie ferrée, puis reprendre peu à peu de l’altitude dans une longue montée à la pente assez douce toutefois. Suivent des successions de zones bocagères et de forêts mais le paysage s’ouvre de plus en plus. Rapide aperçu du château renaissance de Puyguilhem niché dans un vallon et de son pigeonnier. Et c’est déjà la pause à St Pierre-de-Côle. La reprise voit l’apparition des noyers, preuve que nous touchons aux terrains calcaires et donc au Périgord blanc, pays de la truffe. Ce qui se confirme à l’arrivée sur Sorges, cité qui s’enorgueillit d’être la capitale de la truffe et de posséder un écomusée dédié à ce noble champignon. Capitale culturale avant tout car depuis le XIXe siècle se sont développées les plantations de chênes truffiers avec alors des récoltes annuelles parfois spectaculaires (5 à 6 tonnes). A notre tour de découvrir cette culture sous forme de « vergers » de chênes truffiers parfaitement alignés et surtout taillés à 3-4 m de hauteur pas plus ce qui leur confère une forme de pyramide (ou cône) inversée. Pourquoi cette taille si étonnante ? Parce qu’elle provoque un stress de l’arbre qui produit alors plus de racines, sièges du fameux champignon, qu’elle favorise son installation au sein des racines (mycorhization) et que, par sa petite taille, l’arbre transpire moins et apporte plus d‘ombre au sol ce qui en préserve mieux l’humidité. Reste que la dégustation n’est pas à l’ordre du jour ; allez, ouste, pédalez ! Et de fait nous abordons une très longue descente en direction de Savignac-les Eglises (vallée de l’Isle) pas très agréable car défigurée par une énorme carrière de granulats qui génère pas mal de poussière. Nouvelle côte ensuite puis descente pour rejoindre la vallée de l’Auvézère, rivière que nous traversons à pied à Cubjac sur une passerelle métallique car le pont routier est en réparation. Nous longeons ensuite un temps l’Auvézère avant de nous diriger sur Blis-et-Born. A la sortie du village, le roadbook signale une descente dangereuse et en effet la pente y est bien raide. Le pique-nique apparaît un peu plus loin à la fin d’une autre descente, après le franchissement de l’A89, mais l’herbe à l’ombre s’y révèle un peu rare. Qu’à cela ne tienne, il est temps de se sustenter. Les groupes arrivent très échelonnés car les difficultés du parcours accentuent les écarts d’allure. Et c’est à ce moment que l’on découvre que Madly a chuté et présente un bel hématome violet (of course) sur la cuisse gauche. La voiture-balai d’Yves l’a prise en charge et Martine s’empresse de la soigner au plus vite.
La reprise est un peu rude au tout début de la côte suivante, après le passage de la voie ferrée, qui nous permet d’accéder à une sorte de plateau qui est le point culminant de la journée (autour de 300 m) et qui mène au bourg de Rouffignac-St Sernin, au cœur du Périgord noir en raison de la couleur sombre de ses chênes verts. Nous apprécions ce secteur relativement plat et découvrons au passage le château en ruine de L’Herm, lieu de décor du roman de Jacquou le croquant. La singularité du bourg est d’avoir été totalement incendié en mars 1944 à l’exception de l’église romane puis entièrement reconstruit avec la pierre locale ; il abritait alors un poste de commandement de maquisards. La cité surplombe la vallée de la Vézère et ses sites préhistoriques comme la grotte de l’homme de Cro-Magnon toute proche et le musée national de la préhistoire des Eyzies. Toutefois nous ne faisons que contourner la bourgade pour aborder une très longue descente d’au moins 4 km qui nous amène dans la vallée d’un petit affluent de la Vézère et nous fait redouter une montée équivalente. Fort heureusement, après 2-3 km de plat, la dite montée se révèle moins ardue quoiqu’un peu raide par moments. Il s’agit en fait d’un « raccourci » qui nous mène plus directement à la localité du Bugue sur la Vézère, localité réputée pour son marché de foie gras. Nous recherchons une terrasse pour nous désaltérer mais peine perdue, il n’y a rien de facilement accessible avec trop de circulation.
Et c’est ce qui nous attend sur le seul tronçon « désagréable » du parcours qui emprunte la route principale menant au Buisson de Cadouin parce qu’il n’y a pas d’alternative simple et directe. Nous voici en file indienne et très vigilants jusqu’au pont sur la Dordogne dont l’exiguïté rend le croisement des poids lourds bien difficile. Nous renonçons à nous arrêter tant nous semblons avec nos modestes deux-roues gêner la circulation. La pause tant attendue se fait finalement à Buisson de Cadouin, au bistro situé au pied de la dernière difficulté du jour, la côte menant à Cadouin. La terrasse sur la route principale est un bon poste d’observation pour voir passer les autres groupes et même leur proposer de prendre notre place. Il nous reste alors 6 km à parcourir donc 4 en montée, laquelle se révèle douce et sans à-coups, parfaite pour une fin de journée. Puis 1 km de descente pour découvrir au creux du vallon une charmante bourgade périgourdine avec ses maisons au calcaire jaune d’or et aux toitures de tuiles plates à forte pente. Et belle surprise en arrivant à l’auberge de jeunesse qui occupe tout simplement les communs de l’ancienne abbaye cistercienne des XIIe et XIIIe siècles. Les bâtiments sont impressionnants tout comme l’escalier central qu’il faut gravir en traînant ses bagages ou l’escalier de la chambre permettant d’accéder aux lits en mezzanine ; du dénivelé qui n’était pas noté dans le roadbook ! Et le plus de la chambre, une petite lucarne qui offre une vue exceptionnelle sur le cloître gothique flamboyant classé au patrimoine de l’Unesco. Comme l’étape a été « un peu courte », nous avons le temps de flâner sur la grande place occupée en son centre par une halle médiévale, de boire un verre (la bière artisanale locale, excellente) et même d’y faire un débriefing de la journée. Quant au dîner, il est tout simplement fidèle au Périgord si ce n’est l’absence de foie gras ! Gésiers et cuisse de canard confit, pommes de terre sarladaises aux cèpes, Rocamadour tiède et tarte aux noix viennent à bout de l’appétit des plus affamés…
Jeudi 09 septembre : Cadouin / Moissac : 106 km pour 1520 m de dénivelé.
Les orages de la nuit ont bien détrempé la région et rafraichi l’atmosphère. Le démarrage est un peu laborieux avec d’emblée une longue côte qui nous amène sur un plateau très boisé. Descente sur St Avit-Rivière avant une longue montée pour regagner l’altitude perdue et parvenir assez vite au village-bastide de Monpazier, construction en damiers autour d’une place centrale bordée d’arcades. Ces bastides ou « villes nouvelles » furent développées au Moyen-Age, principalement dans le Sud-ouest, à partir d’un plan géométrique (carré ou rectangulaire en général) traversé par deux axes majeurs orthogonaux qui se terminent par des portes fortifiées. La bastide de Monpazier en est l’archétype. Ce nouveau type de lotissement (avec règles précises de construction) fut à l’origine accompagné d’un projet politique novateur de gestion de la cité par un conseil (consuls pour l’administration, jurats pour la justice et la police, bayle qui représente l’autorité seigneuriale ou ecclésiale) avec une charte de coutumes (égalité de droit, de justice et d’imposition) à respecter. Cette évolution de la société médiévale répondait entre autres à une forte augmentation démographique, à un mouvement d’affranchissement par rapport aux seigneurs et au droit féodal ainsi qu’à l’affaiblissement du pouvoir des comtes de Toulouse suite à la croisade contre les Albigeois. Nous prenons le temps de flâner autour de la place centrale malheureusement encombrée de barnums, impossible à immortaliser par la photo ; déambulation sous les arcades et le long de l’artère nord-sud qui débouche sur un belvédère où stationne la camionnette pour la pause très matinale (nous n’avons parcouru que 16 km !). Il faut bien entendu repartir car l’étape est longue ; courte descente puis longue montée pour rejoindre Lacapelle-Biron où est en train de s’installer la fête foraine. Nous pouvons passer entre les forains sans difficulté et attaquons une nouvelle côte. Puis c’est la longue descente sur Fumel et Monsempron qui nous réserve quelques surprises sous forme de deux méchants raidillons pour accéder au cœur de ce village perché sur un éperon rocheux où trône un prieuré bénédictin de pur style roman. De là nous descendons en direction de la vallée du Lot mais devons traverser au préalable tant bien que mal le marché local très animé. Une fois le Lot franchi, nous longeons un temps la rivière et apercevons quelques rares champs de tabac et de beaux tournesols avant d’obliquer vers le sud dans un secteur de vergers où nous retrouvons nos camionnettes à la recherche du point pique-nique, lequel est finalement repéré à la sortie de St Georges, sous une chênaie où une installation pérenne de bois bien à l’ombre nous attend.
Après une excellente restauration, il convient d’attaquer le Quercy et pour ce faire notre amie Chantal a bien corsé le parcours avec deux premiers raidards au milieu des vergers de prune d’Ente, la seule variété habilitée à produire le pruneau d’Agen. La récolte est déjà terminée mais il reste quelques fruits au sol qu’il est possible de déguster. Toutefois nous n’en avons pas fini avec les difficultés car la suivante est vraiment méchante et oblige la majorité à poser pied à terre et à monter le vélo à la main en jetant au passage un coup d’œil à la retenue d’eau qui occupe le fond du vallon. Nous retrouvons une belle route à partir de Valeilles et touchons au point le plus haut du jour qui nous permet d’admirer le paysage typique du Quercy, succession de petits plateaux calcaires séparés par d’étroites vallées bien encaissées. Petite pause pour attendre Martine qui a raté précédemment une bifurcation et a été amené à faire demi-tour ; Jacqueline qui l’a eue au téléphone nous rassure vite sur son sort et sur le fait qu’elle a retrouvé le « droit » chemin ! Nous repartons donc et plongeons ensuite sur une nouvelle vallée que nous suivons sur quelques kilomètres, le long de champs de maïs castrés car destinés à la production de semences d’hybridation, avec au-dessus de nous le village perché de Roquecor.
C’est un autre village perché, celui de Lacour qu’il nous faut atteindre ; un petit crochet permet d’admirer son église romane très sobre, faite d’une belle pierre blanche (nous sommes dans le Quercy blanc en effet) avant de plonger dans un autre vallon puis de remonter doucement sur Bourg-de-Visa et retrouver enfin un peu de plat jusqu’à Brassac, lieu de la dernière pause de la journée. C’est là que Martine nous rejoint et que nous entrons en conversation avec les enfants de l’école primaire. Nous repartons avec pour menu les dernières côtes de la semaine ! Qui sont gravies fort doucement car les jambes ne sont plus très vaillantes. Une légère pluie orageuse nous incite néanmoins à ne pas trop flâner. Nous traversons un beau paysage de polyculture avec notamment de vastes vergers de pommiers, protégés de la grêle par des filets, mais même si Moissac est tout proche selon les panneaux indicateurs, notre parcours s’ingénie à tournicoter jusqu’à atteindre un belvédère sur la confluence du Tarn et de la Garonne avec au passage une belle douche orageuse. Petit moment d’hésitation sur le parcours ; renseignement pris auprès d’un habitant, nous optons pour le trajet direct et non celui proposé par la trace.
La descente sur la plaine se révèle bien raide et très encombrée de gravillons consécutivement au violent orage qui nous a précédé ; prudence donc jusqu’à atteindre la grande route où nous voyons passer la voiture-balai d’Yves qui lui a suivi la trace. En fait notre raccourci nous a permis d’éviter 2 km de route à grande circulation ; tant mieux. Il nous reste deux autres km à parcourir avant d’entrer dans Moissac, de franchir le pont au-dessus du canal et d’accéder à l’hôtel tout proche. Il est un peu tard pour visiter la ville d’autant que l’orage reprend de l’activité. Repos par conséquent et dîner dans un établissement un peu guindé, la visite de l’abbaye étant reportée au lendemain.
Vendredi 10 septembre : Moissac / Toulouse : 72 km pour 180 m de dénivelé.
Un petit groupe s’éclipse rapidement avant l’heure du départ pour aller admirer la célèbre abbaye bénédictine, étape importante sur le chemin de St Jacques de Compostelle (la Via Podiensis qui part du Puy-en-Velay). Ce qui frappe de suite c’est l’association de la pierre et de la brique toulousaine, laquelle apporte de la chaleur à l’édifice. L’élément le plus caractéristique (en dehors du magnifique cloître que nous ne pouvons visiter faute de temps) est le tympan du portail sud qui est surplombé par un clocher en partie fortifié. La scène majeure du tympan représente l’Apocalypse (révélation) de St Jean sous forme d’un Christ en majesté (étonnamment sous les traits d’un empereur romain) entouré des 4 animaux symbolisant les quatre évangélistes et surmontant 24 vieillards.
Nous ne sommes pas les seuls sur les lieux, une équipe de bretonnes également en route pour Toulouse nous ayant précédés. Guère le temps de mener la conversation ; il nous faut repartir pour ne pas rater le départ du groupe qui est déjà réuni au pied du pont sur le Tarn. Nous rejoignons de suite le canal du Midi et posons pied à terre pour franchir le pont-canal du Cacor qui surplombe le Tarn et mesure pas moins de 350 m. Marche imposée car la voie piétonne est étroite et n’a pas été prévue pour les cyclistes.
La suite se présente comme de longues lignes droites avec quelques légers virages pour passer sous des ponts et de petites montées chaque fois que l’on aborde une écluse. Une surprise vers Castelsarrasin lorsqu’il faut changer de rive ce qui piège les premiers. Et comme attendu d’autres cyclotes, bretonnes en majorité, qui s’identifient par leur plaque départementale (35, 56..). La pause pique-nique arrive très vite à Montech soit au bout de 25 km, au niveau d’une pente d’eau, vaste ascenseur à bateaux permettant de contourner 5 écluses soit un dénivelé de 13 m. Ce dispositif qui fonctionna 35 ans et fut abandonné en 2009 suite à la disparition du transport fluvial comporte 2 automotrices sur pneumatiques qui poussent un bouclier au front d’un coin d’eau de 1500 mètre-cubes sur lequel flotte(ent) la(les) péniche(s). Prouesse technologique et seul prototype, il se révéla très coûteux et polluant. Il a été depuis réhabilité en site touristique sur la voie verte ce dont profite notre équipe logistique qui s’installe aux abords et nous concocte une salade de lentilles avec lardons rissolés sur place ! La visite de la péniche d’exposition Altaïr occupe un certain nombre d’entre nous. Une fois le déjeuner terminé, je laisse partir l’ensemble des groupes et rejoins la voiture-balai car, n’ayant pu enfiler ma chevillière le matin même, encore humide après la lessive de la veille, je me retrouve avec une cheville trop douloureuse. Je tiens ainsi compagnie à l’ami Yves pour aborder la métropole toulousaine et réalise ainsi combien le cheminement le long du canal offre une solution d’accès sécurisante aux cyclistes. Arrivé au complexe appart-hôtel Zénitude situé tout près de l’hippodrome, je m’empresse de reprendre le vélo pour rallier le centre-ville par les voies cyclables assez nombreuses de manière à retrouver l’ensemble des participantes. J’ai juste le temps de franchir le pont neuf que déjà les premières arrivent avec à leur tête les deux équipages tandémistes qui ont profité du parcours relativement plat le long du canal pour appuyer sur les pédales. Nous rejoignons ensemble la place du Capitole, bien encombrée par les terrasses des cafés et une braderie, et patientons à peine un quart d’heure avant de voir arriver le gros des troupes. Débute alors la séance photo commémorative avec toutefois une façade du Capitole cachée en partie par un échafaudage certes bâché. Collation ensuite à l’une des nombreuses terrasses avant de rejoindre l’hôtel, ce qui suppose de trouver la bonne direction pour quitter le centre-ville, pas si simple tant nous sommes désorientés. Dernier exercice physique lors de l’accès aux studios car il faut monter bagages et vélo par les escaliers extérieurs. Fort heureusement, nous sommes pour la plupart logés au premier étage. Et le chaud soleil permet de faire sécher le linge lavé de la veille.
La journée se termine au restaurant tout proche avec la remise de cadeaux à toute l’équipe d’organisation et de logistique, Chantal JUMEL en tête comme il se doit, puis un excellent dîner pour clôturer une formidable aventure.
Le samedi est consacré aux visites en fonction des choix de chacun ; le lieu de rendez-vous se situe sur la rive gauche de la Garonne, à la Prairie des filtres, où un certain nombre de barnums sont installés. Mais rien de bien extraordinaire en dehors de quelques stands d’articles de vélo à l’image de ce qui se fait à la semaine fédérale. Et pas grand monde finalement.
Le retour en car le dimanche se déroule au mieux après un long chargement des vélos dans une remorque appropriée, assuré par un chauffeur précautionneux et très professionnel. Dernière photo sur le parking du vélodrome avant la dispersion des troupes et la promesse de se retrouver rapidement à l’occasion des manifestations cyclos de l’automne.
Jean-François FOGELGESANG (Président club de Marly le Roi ; pilote tandem Echappées Belles)