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28 août 2019

Flèche Maurepas – Briançon 773 km / D+ 9256m

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Du 27 juin au 2 juillet, se déroulait la Flèche Maurepas-Briançon organisée par Alain et la météo leur a joué un bien vilain tour : y’a plus de saison ma brave dame !
Si la neige a entravé quelques jours plus tôt la Born to Ride lors de l’arrivée des concurrents dans les Alpes, nos valeureux cétémistes, eux, ont dû supporter un mercure qui n’en finissait plus de monter éprouvant les organismes. Mais il en faudrait plus pour décourager Jean qui pour sa première participation à une flèche a fini heureux ! Le « Raid » Maurepas – Briançon 773 km / D+ 9256m
Une aventure physique et humaine.

Rallier depuis Maurepas, en cinq jours, le fort de Briançon dans les Hautes Alpes.
Quelle belle aventure ! Corinne, Bernard, Michel, Dany, Jeff, Christophe, Dominique, Alain l’initiateur de ce beau défi et « ma pomme » avons choisi de rouler de concert. Les conditions météorologiques étant annoncées Annie et Martine, nos belles « assistaneuses » nous accompagnerons et nous chouchouterons en assurant notre sécurité. Qu’elles soient « glorifiées ». Comme nous, elles ne savent encore pas tout ce qu’elles vont devoir affronter…

27 juin – 1ère Etape 191km / D+1513m
5h45 Départ du local rue d’Aven à Maurepas direction Apoigny près d’Auxerre. Nous rejoignons l’Yonne et la région Bourgogne- Franche Comté. Il fait encore frais. Nous en profitons, ce sera le seul instant fraîcheur lors de cette aventure…
Par la côte de Méridon que nous connaissons si bien, où Michel nous conte qu’il ne lui est arrivé qu’une seule fois de la grimper avec plaisir cette côte vers Arpajon (lors de son dernier jour d’activité salariée), notre baroudeur, organisateur, a fait fort dès le départ, flèche vers la montagne oblige. Nous prenons la direction de Bris Sous Forges. Laissant le TGV infléchir sa route Sud Ouest tandis que la nôtre file au Sud Est, nous traversons les vallées de l’Essonne. C’est bientôt Barbizon, la forêt de Fontainebleau, son château et les pistes cyclables que certaines ont tant appréciées… Les 120 premiers kilomètres sont avalés sans encombre, même si à Moret sur Loing on aurait bien piqué une tête dans la rivière près du moulin pour se rafraîchir. Le paysage est si beau ! A Saint Martin d’Ordon, 13h00, les appétits sont au meilleur et nous ne nous privons pas de nous restaurer sur l’aire de jeux près de l’église. Les derniers kilomètres, condition météorologique oblige, sont eux déjà plus difficiles à réaliser. Les organismes fortement sollicités déclinent. Les meilleurs d’entre nous, vaillamment, dans la torpeur de l’après midi, poursuivent…
Après un bon repas à l’hôtel nous allons tous « faire dormir les yeux, et, le reste ». Il fait encore très chaud en cette nuit. L’hôtel n’est pas climatisé… Dur, dur.

28  juin – 2ème Etape 180km / D+2342m
Notre trace nous conduit vers Le Creusot. A nous le Morvan aux collines enchainées. Vézelay et sa basilique perchée sur la colline, toutes deux classées au patrimoine mondial de l’humanité et point de départ de l’une des voies du pèlerinage de St Jacques de Compostelle que Danielle a visité récemment. Près de Carré les Tombes, le si bien nommé, la canicule nous « tombe dessus ». Nous ne sommes pas surpris, elle a été annoncée. Son amplitude nous étonne quand même… Heureusement les beautés se succèdent autour de nous et permettent de continuer. Après nous avoir souvent cherchés sur les routes nos belles « assistaneuses » se multiplient à la recherche d’ombre ou d’abri d’insatiables taons. Aux Valottes, près d’Alligny en Morvan dans le chemin « Champs du part » nous prenons le ravito tant attendu. La bonne volonté de chacun, ne suffit plus. Sous ces conditions climatiques extrêmes, les « têtes et les jambes » réagissent différemment. La torpeur nous « empoigne ». L’absence de réseau téléphonique dans ce massif du Morvan et l’exigence du parcours épuise les organismes et questionne les consciences. Il faut penser sécurité, la Fédération l’a rappelé. Les costauds cèdent leurs places, et roulent devant ! Sitôt arrivés sur la Grand-Place de l’hôtel, empli de badauds en ce vendredi soir, chacun se précipite sous la douche de l’hôtel. Les rafraichissements se multiplient…

29  juin – 3ème Etape 165km / D+1609m
Petit matin. Encore endormis après une courte nuit, quelques hésitations et un rapide briefing, les conditions de canicule et la sécurité nous font poursuivre à cinq vers Montagnieu. Avant Mancey nous retrouvons l’un des nôtres, du CTM. L’ami André Bernollin nous attend pour nous conseiller et nous conduire au pied de notre première belle bosse : Le col des Chèvres (419m). Magnifique, dans ce grand beau temps du matin, mais déjà bien longue cette bosse annonciatrice des dénivelés à venir…
Celle-ci « avalée » (enfin drôle de façon de s’exprimer, tant j’ai eu le temps de faire connaissance avec ceux qui la grimpaient et qui, me voyant peiner, prenaient le temps de partager un moment). A 14h restauration bienfaitrice près de Tournus au pied des vignes du Mâconnais que notre cher président Jacques aurait tant aimé partager… Nous ne dégustons pas les produits de ces beaux cépages. Nous, c’est à grand renfort de bidons d’eau fraiche, ou pas, que nous carburons. Nous irons même jusqu’à nous renverser le jerrican sur les têtes tant le soleil nous cuit. Repus, nous engageons la descente vers l’Isère où l’un de nous rencontre de près le bitume, voulant sans doute se maquiller pour faire le beau à l’hôtel- restaurant de Montagnieu. Notre équipier ne renonce pas et poursuit son chemin. Bravo l’artiste, robuste, resté prudent en poursuivant dans cette vallée de Rhône si surchauffée. Près du lavoir, où il fait si bon se reposer, nous immortalisons l’étape. En passant, gardez donc l’adresse que nous vous recommandons : l’hôtel Rolland de Montagnieu. L’accueil y est exceptionnel et délicieux.

30 juin – 4ème Etape 154km / D+2475m
Direction Saint Jean De Maurienne. Journée épique et mémorable, pour tous, sous un soleil torride. Les exigences du matin par les cols de la Crusille (573m) et de l’Epine (987m) mettent à nouveau les corps à l’épreuve. Beau baptême pour nos deux premiers cols sérieux à nous deux : Christophe et moi le « p’tit jeune et l’plus vieux ». Galvanisé par le bonheur d’y être parvenu je pique un sprint au sommet du second tellement j’ai mis la pédale douce avant. Je souhaite épater mes équipiers pour les remercier !
Dans Chambéry nous nous égarons, les gouttes perlant de nos fronts nous aveuglent… Annie non ! Elle file devant en égarant son sac (téléphone compris). Je m’arrête à La Chavane en haut d’un talus à casser les pattes d’un bouquetin; terrassé par la chaleur et la pente je ne peux suivre le rythme des compagnons. Ils poursuivent, se rafraichissant comme ils le peuvent. Ils vont avoir moins chaud : L’orage les rattrape et ils vont trinquer… Alors qu’Annie continue devant nous… Se croyant toujours derrière nous ! Nous finissons enfin par la joindre. L’orage gronde dans la montagne et pleure de toutes ses larmes.
Après la canicule ce sont les inondations ! Un arbre tombe en travers de la route et barre le passage d’Annie partie me rejoindre, ce qui l’oblige à effectuer une longue marche arrière dans la montagne avec une camionnette qu’elle conduit pour les premières fois… Elle veut me prévenir mais mon téléphone reste muet ! Les heures s’égrènent au clocher de l’église. Heureusement je rencontre Benoit, un type merveilleux, qui s’approche de moi avec son petit garçon un peu ébahi de voir ce type, en cuissard et dans un vent à décorner les bœufs, assis sur les marches de la mairie. M’offrant des fruits et légumes il me propose de prendre une douche chez lui. Je le rassure, j’ai depuis longtemps récupéré mais, ne pouvant plus communiquer, j’ai choisis de rester au dernier endroit connu par mon « assistaneuse » ! Eh oui… J’ai changé de maillot après le repas tellement il fait faisait chaud après les grimpettes. Toutes les coordonnées papier sont restées dans le maillot mouillé !!! Je n’en connais aucune par cœur ! Et le téléphone est vide ! D’où la nécessité de garder en pochette hermétique les indispensables papiers administratifs autour du cou… Quand mon sauveur revient vers moi et m’annonce qu’il existe deux villages surnommés La Chavanne je commence à m’inquiéter pour Annie (Je ne sais pas encore ce qui lui est arrivé dans la montagne !). Avec Benoit nous tentons de joindre le club par l’intermédiaire d’internet. Chantal répond et me permet de joindre mes équipiers pour les prévenir que je vais prendre le train. Le dernier train… La voie ferrée sera en effet coupée plus tard par une coulée de boue. En hâte Benoit monte son porte vélo et nous fonçons à la gare. Il prend mon billet et monte mon vélo dans le wagon… Il n’est pas super Benoit ? 23h30 j’arrive en gare de Saint Jean de Maurienne après avoir fait de belles, très belles rencontres, y compris dans le train… Quand je vous dis que j’aime l’aventure ! Merci mon bon « saint » Benoit et mes deux si jolies passagères !

1er  juillet – 5ème Etape 85km D+2323
Sus à Briançon. Marqué par notre très courte nuit, je me réveille avec un fort mal de tête et une envie de vomir. Christophe avec lequel je fais chambrée me trouve bien pâle et me le fait savoir. Je m’en suis rendu compte tant j’ai des jambes de coton. Je décide à contre cœur, puisque j’ai promis de rester en sécurité, de ne pas grimper le col du Télégraphe ni surtout de le descendre, et… de voir ensuite ! Mes amis progressent, parfois vélos à la main quand au travers d’une voie ils traversent un chantier de prélèvement de silicium. Cela ne dure pas il leur faut escalader ce fameux col du Télégraphe. Ils sont mes héros, je ne me lasse pas de les admirer dans ces ultimes efforts. Au cours de l’ascension nous rencontrons de nombreuses motos aux carénages impressionnants et leurs pittoresques cavaliers. Passé Valloire, nœud de fameuses randonnées pédestres comme cyclistes, et n’y tenant plus de voir défiler de si beaux paysages sans les pratiquer je me lance, prenant un peu d’avance sur mes équipiers.
Quelle montée merveilleuse, parmi les pâturages, puis les névés bordant les lacets qui s’empilent comme des cordages sur le plat bord des voiliers (eh oui, je suis breton moi). Tout là haut c’est l’extase. Un col, lui aussi bordé de blanc, avec un air si pur qu’on le boirait sans satiété. J’ai encore de l’avance et ne me prive pas de photographier mes compagnons dans le « dur ». Enfin tous réunis, sous la « pancarte » nous n’en finissons pas de nous congratuler. Notre joie fait tellement plaisir alentour que deux autrichiens Johann et Karl s’approchent. Nous partageons, tant bien que mal, dans un anglais que je maitrise mal, le bonheur d’être la haut, ensemble. Nous leur avons donné l’envie, la prochaine fois, de gravir le géant à vélo sans assistance ! La preuve Karl nous la montre… C’est ensuite la descente. Vous me connaissez cela ne va pas traîner. Cette fois je me prends pour un aigle (tu parles… un aigle si ventru !). Mes maux se sont évanouis. Mon attention est à son comble. Pas question d’aller au tapis et de gâcher ce merveilleux moment pour moi comme à mes équipiers. Je ne suis pas le seul à aimer descendre et nous partageons… Y compris les relances. Même si, lorsqu’un Patou en garde d’un troupeau de moutons se jette sur nous, nous partageons encore… cette fois une belle peur ! Nous avons ensuite le temps de choisir le lieu de notre dernier ravito. Déjeuner près d’un lac de montagne ou les commentaires de chacun vont aller bon train ! Après 32km de descente et Briançon rejoint, le ciel se ternit. Les éclairs illuminent le ciel comme un feu d’artifice pour fêter notre « exploit », sous des trombes d’eau.
Paris-Briançon est une flèche magnifique et exigeante ; quelque soit la météo dit – on ! Je confirme la version caniculaire puisque nous sommes passés de 44°C lors de nos assauts, à rencontrer la neige en haut du col, heureusement sans voir de pluie dans les descentes. Nous avons atteint notre Graal !
Merci à Annie et Martine, qui par leur dynamisme et leur disponibilité, nous ont apporté une aide précieuse et indispensable avec toute la bonne humeur qu’on leur connait.
Merci à Alain d’avoir organisé ce beau parcours et ses étapes comme de m’avoir convaincu et soutenu à réaliser ce magnifique défi.
Merci à mes équipiers membres du « CLUB DES CINQ »
Merci à notre valeureuse équipière Corinne qui a m’a si gentiment abreuvé quand la soif m’étreignait, comme à nos autres équipiers, plus sages que nous, avec lesquels j’ai tant aimé partager et recevoir.
Merci à Jean Yves et Jacques sans lesquels je n’aurai jamais osé me lancer.
Et en passant, encore féliciter mon « p’tit frère » Christophe, comme ses équipiers les deux Philippes et les deux Gilles, dans le nouveau défi qu’ils viennent de réaliser : le Paris Brest Paris.

Texte de Jean Robin, l’un des aventuriers
Photos Annie, Michel et Jean

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