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8 mars 2019

Drôle de rencontre

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Voilà quelques mois, mon neveu trentenaire parisien, en velib le plus souvent, m’envoyait une vidéo incroyable : un cyclo, trentenaire et parisien roulait sur la récente voie cyclable qui longe la Seine avec un casque et une Gopro fixée sur le dessus du casque « bizarre de filmer en roulant me dis-je » ; arrive un automobiliste qui le double en le serrant ; un papier à cigarette aurait eu du mal à se glisser entre le cyclo et la voiture. Le cyclo lève la main pour signifier : « eh attention »!!Et là, coup de patin, l’automobiliste sort de sa voiture (un trentenaire aussi), énervé et hurle sur le cyclo et fait mine de vouloir le frapper ! Scène d’une violence incroyable ! En montant dans sa voiture, le fou furieux ajoute : « si je te revois avec ta Gopro je te … » Ces scènes seraient très fréquentes à Paris et nous laissent perplexes. Le temps passe et ce matin, Michel m’envoie cet article et je repense aussitôt à la vidéo que j’évoquais plus haut et je me dis : « ouf  sauvés !!! Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes » !

Sur les ronds-points on tourne en rond, on le sait. Ils sont même faits, du moins en partie, pour ça. Ils peuvent aussi être dangereux, pour les cyclistes notamment. On a pu également, sur certains, rencontrer des « gilets jaunes ». Ce jour là, sur l’un d’eux, il y en avait un, bien visible : le mien. Je rentrais d’une balade solitaire à vélo. En fin de parcours j’avais à faire le tour quasi complet de l’anneau, trois doubles voies à traverser en empruntant la piste cyclable, bien entendu. Une, puis deux, à mon approche les voitures qui arrivent stoppent. Me voici sur la troisième. Une voiture s’arrête. J’en vois une autre, sur la seconde voie, qui ralentit, ralentit, elle va me laisser passer, c’est sûr, d’autant qu’avec mon gilet jaune le conducteur ne peut pas ne pas me voir. Sauf qu’il ne s’arrête pas et heurte ma roue arrière et me projette sur le macadam.

La fautive plus atteinte que moi
On me relève. Bizarrement je ne ressens aucun mal. Une jeune femme descend de la voiture, visiblement paniquée. Je commence à lui crier dessus mais sa mine défaite, les reproches qu’elle-même s’adresse immédiatement, sa volonté de me porter secours me désarment vite. Approuvée par les quelques témoins présents, craignant les conséquences de ma chute, elle veut absolument m’emmener à l’hôpital. Mais n’ayant pas vraiment mal, je refuse. Je constate que mon vélo a plus souffert que moi, il ne peut plus rouler. En conséquence je demande à la coupable de nous ramener, lui et moi, à la maison. Ce qu’elle fait. Chez moi elle culpabilise tellement qu’avec ma femme nous nous efforçons de la réconforter. Pas de doute, elle est plus atteinte que je ne le suis. Chez le vélociste où elle m’a emmené avec mon vélo pour la réparation, ne sachant pas quoi faire pour atténuer sa faute, elle se montre plus exigeante que je ne le suis s’agissant de la qualité des pièces destinées à remplacer celles endommagées, sans lésiner sur ce que ça lui coûtera. Un devis lui est remis en même temps qu’à moi Apparemment elle ne fera pas intervenir une assurance, elle ne me donne aucun papier à signer, ne me demande aucune déclaration. Après qu’elle m’ait à nouveau ramené à la maison nous nous quittons dans les meilleurs termes, la gentillesse appelant la gentillesse. Le soir nous lui téléphonons pour à nouveau la réconforter et lui souhaiter une bonne nuit, elle risque en effet de mal dormir tellement elle se sent fautive et ne s’en remet pas.
Les jours suivants j’ai mal aux côtes mais ne le signale pas à la responsable que je ne souhaite pas culpabiliser davantage; Peu de temps après, la voici qui arrive à la maison sans avoir prévenu et, à ma surprise, débarque de sa voiture mon vélo entièrement réparé. Elle s’est occupée de tout, a veillé à sa parfaite remise en état, y compris le remplacement d’une manivelle qui n’avait pas été compris dans le devis, et a réglé la facture. Nous devenons amis…

 Et la tolérance ?
Depuis lors je me dis que tous les automobilistes ne sont pas des adversaires potentiels des cyclos, même quand ils se montrent dangereux pour ceux-ci, souvent par inconscience ou distraction. Celle qui m’a renversé a reconnu avoir été troublée par les pleurs de sa petite fille assise sur la banquette arrière. Auquel d’entre nous il n’est jamais arrivé d’avoir un court instant d’inattention au volant ?
Cela dit, méfiez-vous des ronds-points et, surtout, des automobilistes les empruntant. Ils ne sont pas tous dans d’aussi bonnes dispositions que celle que j’y ai rencontrée. En fait s’ils l’étaient tous et nous, cyclos, pareillement -nous ne sommes pas toujours sans reproche- notre coexistence à tous sur la route ne s’en trouverait-elle pas facilitée ?
Texte Michel Dautresme

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